Pouvez-vous nous présenter le Marathon des Sables ?
Frédéric Compagnon : C’est une course à pied organisée dans le Sud marocain, en milieu désertique, par la société AOI, fondée par Patrick Bauer. Elle se déroule sur six étapes d’environ 40 km, avec une double étape de 80 km. Les coureurs sont en autosuffisance : la seule chose qu’on leur fournit, c’est l’eau. Ils portent un sac à dos sur tout le parcours. Une année classique, il y a environ 1 200 coureurs venus d’une quarantaine de pays. C’est donc un événement hors normes du point de vue de la couverture médicale.
Comment se prépare cette couverture médicale ?
F. C. : En amont, nous demandons aux coureurs de nous envoyer les documents médicaux concernant d’éventuels traitements ou antécédents. Nous travaillons également avec l’organisateur pour être certains que le parcours est en tous points accessible pour des évacuations. Nous préparons aussi le matériel : nous partons avec 150 malles de 20 à 3 030 kg, une quinzaine de véhicules, un hélicoptère… C’est un véritable service d’urgence que nous déplaçons. Enfin, nous recrutons l’équipe de bénévoles dont nous avons besoin.
Quels professionnels de santé composent cette équipe ?
F. C. : Nous avons un bon tiers de médecins, un tiers d’infirmiers et un petit tiers de podologues. Concernant les médecins, nous avons des urgentistes, des anesthésistes, et toujours un cardiologue du sport et un orthopédiste. Quelques généralistes nous apportent des compétences complémentaires. La plupart des soignants ont un profil sportif, et beaucoup ont déjà couru le Marathon des Sables. C’est important car ils ont une réelle empathie, une véritable compréhension du coureur.
Quels sont les types de problèmes pris en charge ?
F. C. : Les lésions des pieds sont la principale cause d’abandon. Il y a aussi des ténosynovites, des lésions causées par les bretelles des sacs, des problèmes cutanés, des syndromes de l’essuie-glace…
Y a-t-il des déshydratations ?
F. C. : Oui, mais heureusement, elles sont moins nombreuses que les lésions aux pieds ! Leur fréquence dépend de la météo. Certaines années, on en a une quarantaine sur la semaine, et d’autres, on en compte 250. On redoute bien sûr le coup de chaleur d’exercice, qui peut tourner à la catastrophe.
Comment se passent les évacuations sanitaires ?
F. C. : Elles sont essentielles, d’où l’importance pour nous d’avoir de bonnes relations avec les services médicaux locaux. Nous avons des contacts avec les hôpitaux d’Errachidia et de Ouarzazate, vers lesquels nous pouvons évacuer des patients avant qu’ils ne soient transférés ailleurs, généralement vers Casablanca.
Quelle est selon vous la difficulté principale de la médicalisation d’un tel événement ?
F. C. : C’est l’isolement. Si la course avait lieu en France, nous pourrions diviser par deux le matériel, le nombre de bénévoles, etc. Dans le désert, nous devons faire face à tout. Nous avons par exemple toujours un dentiste, soit comme coureur, soit dans l’équipe. Nous faisons évoluer le matériel, au fil des années, pour parer à toutes les éventualités. Nous prévoyons désormais d’avoir la pilule du lendemain dans la pharmacie. Cela peut paraître ridicule mais nous devons penser aussi à cela.
Dr Frédéric Compagnon : un « véritable service d’urgence » auprès des coureurs du Marathon des Sables
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