Désireuse de faire le point sur le sujet, peu abordé en France, des erreurs diagnostiques, la Haute Autorité de santé (HAS) s’en est emparée afin de « pouvoir proposer des actions nationales d’amélioration de la sécurité diagnostique », comme l’a demandé l’Organisation mondiale de la santé dans le cadre du Plan d’action mondial 2021-2030.
Les erreurs diagnostiques seraient « plus communes que les erreurs médicamenteuses et affecteraient jusqu’à 10 % des interactions cliniques patient-médecin », rapporte la Haute Autorité. À l’échelle internationale, l’erreur diagnostique représenterait 7 à 36 % des événements indésirables associés aux soins (EIAS) et 25 % des décès pour erreur médicale aux États-Unis, des chiffres variant significativement selon le type de prise en charge (privé ou public, ambulatoire ou urgences) et les spécialités. En France, le rapport 2023 sur les événements indésirables graves associés aux soins (EIGS) montre que 7,6 % d’entre eux sont en lien avec la clinique et le diagnostic. Le rapport de 2022 les positionnait à la 5e place des types d’événements les plus rapportés au global, et à la seconde d’EIGS liés aux services des urgences. Une étude s’intéressant aux données de la Mutuelle d’assurance du corps de santé français (MACSF) montre que 50 % des procédures médico-légales en médecine générale seraient liées à des erreurs de diagnostic.
« Perçues comme des échecs personnels par les médecins »
La Haute Autorité propose de définir l’erreur diagnostique comme « l’incapacité à établir une explication précise et opportune du ou des problèmes de santé du patient ou à communiquer cette explication au patient », selon la définition de l’Institute of Medecine, et comme la survenue de « diagnostic retardé, erroné ou manqué » et/ou « diagnostic non communiqué au patient », selon la définition de l’Agency for Healthcare Research and Quality.
L’erreur diagnostique est très souvent multifactorielle, combinant causes systémiques et cognitives. « Cependant, le diagnostic est avant tout une tâche cognitive dépendant des connaissances du médecin, peut-on lire. La principale cause d’erreurs diagnostiques serait liée au fait que les médecins ne reconnaissent pas ce qu’ils ne connaissent pas ». La Haute Autorité ajoute également qu’elles seraient « perçues comme des échecs personnels par les médecins, entraînant des sentiments de honte, de dévalorisation, de perte de confiance, plutôt que comme un signal pour enquêter sur les problèmes systémiques ou cognitifs à l’origine du problème ». Outre les conséquences pour le patient, l’agence cite l’existence d’un coût sociétal conséquent, ainsi que des conséquences pour le médecin, tant en termes psychologiques que professionnels.
Une stratégie nationale de lutte en priorité
La HAS préconise d’élaborer une stratégie de lutte contre les erreurs diagnostiques, prenant pour exemple l’objectif « d’excellence diagnostique » des centres universitaires aux États-Unis, à diffuser auprès des professionnels de santé, des établissements et des organismes professionnels, ainsi que la formation et l’accompagnement des professionnels, et à soutenir la recherche.
Les organismes professionnels sont appelés à se saisir du sujet et à l’encadrer dans chaque spécialité, mais également à communiquer sur leurs connaissances. Dans son état des lieux, la HAS propose des actions pour détecter et mesurer les erreurs diagnostiques (rétro-information des médecins, signalement par les médecins et les patients, analyse des dossiers médicaux et des entrepôts de données ou encore mesure d’indicateurs de qualité diagnostique ou d’erreurs diagnostiques). Sont aussi mises en avant le travail en équipe (intelligence collective, rôle des infirmiers et engagement des patients et familles…), des mesures de réduction des erreurs cognitives (limiter l’interruption des tâches…) ou encore les technologies numériques en santé comme leviers de prévention.
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