Épidémie de coqueluche « imprévisible » : le ministère appelle à ne pas baisser la garde après un possible reflux

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Publié le 14/08/2024

Si certains indicateurs de circulation semblent en baisse, le ministère de la Santé insiste, dans un DGS-Urgent, sur la nécessaire application des mesures sanitaires, alors que l’ampleur du pic et la durée de l’épidémie restent inconnues.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Stratégie vaccinale, antibioprophylaxie, antibiothérapie : plusieurs mesures en réponse à la recrudescence de la coqueluche en France ont fait l’objet d’avis sanitaires récents. Des recommandations qui restent d’actualité, insiste le ministère de la Santé, même si « certains indicateurs semblent être à la baisse depuis le début du mois de juillet ».

« L'ampleur du pic et la durée de ce cycle épidémique ne sont pas prévisibles », lit-on dans le DGS-Urgent soulignant que « l’interprétation doit être prudente car les données du mois de juillet ne sont pas encore consolidées ».

D’après son point du 29 juillet 2024, Santé publique France rapporte, depuis début 2024, un total provisoire de 28 décès, dont 20 enfants (18 âgés de moins de 1 an) et huit adultes (âgés de 51 à 86 ans mais dont la coqueluche n’était pas indiquée comme première cause de décès). Le plus grand nombre de décès a été observé en juillet avec neuf décès.

Vaccination des femmes enceintes et des nourrissons

Face à la circulation de la coqueluche sur le territoire, « la stratégie la plus efficace reste la vaccination anticoquelucheuse, telle que prévue au calendrier vaccinal » :

- celle des femmes enceintes à partir du deuxième trimestre de grossesse, en privilégiant la période entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée, pour protéger le nouveau-né et le nourrisson jusqu’à ses 6 mois grâce au transfert actif transplacentaire des anticorps maternels ;

- celle des nourrissons avec la première dose dès 8 semaines, que la mère ait été vaccinée ou non durant la grossesse, et la deuxième dose à 4 mois, avec un rappel à 11 mois. Les infections mineures (rhinopharyngite, otite, bronchite ou diarrhée modérée par exemple) et/ou une fièvre de faible intensité ne doivent pas entraîner le report de la vaccination.

Stratégie de cocooning

En l’absence de vaccination de la femme enceinte pendant la grossesse, une stratégie de cocooning par la vaccination doit être mise en place :

- pour la mère en post-partum immédiat, avant la sortie de la maternité, même si elle allaite ;

- pour l’entourage du nouveau-né (parents, fratrie, grands-parents et autres personnes susceptibles d’être en contact étroit et durable avec le futur nourrisson au cours de ses six premiers mois). Lorsque la mère a été vaccinée pendant sa grossesse et qu’au moins un mois s’est écoulé entre la vaccination et l’accouchement, il n’est plus nécessaire de vacciner l’entourage proche du nourrisson.

Rappel si la vaccination date de plus de cinq ans pour l’entourage et les professionnels de santé

Dans son avis du 22 juillet 2024, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande en complément un rappel dTcaP (Boostrixtetra ou Repevax) si la vaccination anti-coquelucheuse date de plus de cinq ans :

- pour l’entourage proche ;

- pour tous les professionnels travaillant au contact des nouveau-nés et nourrissons de moins de 6 mois.

Antibioprophylaxie

Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP), qui a redéfini les sujets à risque de forme grave (haut risque/à risque), a revu les modalités de l’antibioprophylaxie dans son avis du 30 juillet 2024. Les antibioprophylaxies sont désormais circonscrites :

- aux sujets à haut risque de forme grave et aux personnes en contact avec eux (domicile, travail…) ;

- aux sujets à risque de forme grave ;

- à des situations particulières de clusters ;

- le délai après le dernier contact est réduit à 14 jours.

Les sujets à haut risque sont :

- les nourrissons de moins de 6 mois, quelles que soient les vaccinations de la mère ou de l’enfant ;

- les nourrissons de 6 à 11 mois avec moins de deux doses ou dont la dernière est inférieure à deux semaines.

Les mesures de prévention sont justifiées chez ces personnes et chez les personnes en contact étroit avec elles (partageant le même domicile ou les prenant en charge).

Les sujets à risque sont :

- les personnes présentant une maladie respiratoire chronique, obésité ou déficit immunitaire ;

- les personnes âgées de plus de 80 ans.

Les mesures de prévention sont justifiées chez ces personnes mais pas pour les personnes en contact étroit avec elles.

Il est également recommandé aux professionnels de santé de porter un masque lors de l’examen d’un nourrisson trop jeune pour avoir reçu deux doses de vaccins, et ce, même si la mère est vaccinée et en cas de rappel chez le professionnel de santé effectué dans les cinq ans.

Antibiothérapie

La HAS a précisé les choix et durées d’antibiothérapies dans la prise en charge de la coqueluche chez le nourrisson, l’enfant et l’adulte dans une fiche mémo actualisée le 5 août.

L’antibiothérapie repose sur les macrolides (clarithromycine ou azithromycine) et, en cas d’allergie, sur le cotrimoxazole (sulfaméthoxazole-triméthoprime).


Source : lequotidiendumedecin.fr