Les progrès dans la lutte contre l'épidémie de VIH/Sida en France sont encourageants, mais les inégalités persistent selon les groupes sociaux, constatent les autorités sanitaires à l'occasion de la journée mondiale, le 1er décembre.
En 2022, le nombre de dépistages du VIH et des infections sexuellement transmissibles (IST) a augmenté et dépassé les niveaux de 2019, avant la pandémie de Covid-19, observe Santé publique France (SPF). Il y a eu ainsi 6,5 millions de sérologies VIH réalisées par les laboratoires (contre 6,34 millions trois ans avant). Et 2,6 millions de personnes ont bénéficié au moins une fois d’un dépistage remboursé d’une infection à Chlamydia trachomatis, 3 millions, d’un dépistage d’une infection à gonocoque et 3,1 millions d’un dépistage de la syphilis.
4 200 à 5 700 découvertes de séropositivité en 2022
Le nombre de personnes ayant découvert leur séropositivité VIH en 2022 est estimé entre 4 200 et 5 700 (moins qu'en 2019), ce qui, dans un contexte d’augmentation du volume de dépistage, est encourageant quant à la dynamique de l’épidémie, salue SPF.
En revanche, toutes les populations ne sont pas logées à la même enseigne. Si les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) nés en France voient leur nombre de découvertes de séropositivité baisser (ils représentent 27 % des annonces en 2022), grâce à l'adoption de la prophylaxie pré-exposition (PrEP), ce n'est pas le cas des HSH nés à l'étranger. Plus globalement, les personnes nées à l'étranger, tous sexes et orientations confondues, représentent plus de la moitié des découvertes en 2022 (56 %).
Par ailleurs, le nombre de diagnostics des autres IST continue d'augmenter, en particulier chez les hommes.
« Le dépistage repart à la hausse mais doit encore nous mobiliser collectivement. La prévention combinée doit être connue et accessible à tous. De nombreux moyens sont disponibles pour se protéger et protéger les autres, dont la PrEP encore insuffisamment utilisée par les personnes éligibles », commente la Dr Caroline Semaille, directrice générale de SPF. Et l'agence de déployer dès cette fin novembre le second volet de la campagne « Tout le monde se pose des questions sur la sexualité », sur la diversité des outils de protection et de dépistage.
Encore trop d'oubliés de la PrEP
De son côté, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) objective le recours encore limité à la PrEP chez les populations autres que les HSH des métropoles (Paris, Marseille...), grâce aux travaux de son groupement d'intérêt scientifique Epi-phare.
Les chiffres actualisés attestent ainsi de la poursuite de la diffusion de la PrEP avec plus de 20 000 nouvelles initiations entre juillet 2022 et juin 2023, soit près de 1 700 par mois en moyenne. Fin juin 2023, le nombre de personnes de 15 ans et plus ayant initié la PrEP depuis 2016 s’élevait à 84 997, un chiffre en augmentation de 31 % par rapport à fin juin 2022.
Au premier semestre 2023, plus de 52 800 personnes utilisaient effectivement la PrEP soit plus de 10 000 personnes supplémentaires (+24 %) par rapport à l'an passé.
Autre point positif : au premier semestre 2023, ce sont 42 % des prescriptions d’initiation et de renouvellement de PrEP qui ont été effectuées par des médecins libéraux (versus 19 % en 2021), dont près de 90 % par des médecins généralistes.
Mais la diffusion de la PrEP aux groupes de population habitant en province et en Outre-mer, en milieu semi-urbain ou rural, reste lente. Ainsi, 41 % des initiateurs de PrEP entre 2016 et 2023 vivent en Île-de-France, 11 % en Auvergne Rhône-Alpes, 9 % en Provence-Alpes-Côte d'Azur, 8 % en Occitanie mais seulement 3 % en Bretagne, Centre-Val de Loire et Pays de la Loire, 2 % en Bourgogne Franche-Comté, Normandie et Drom.
Parmi les initiateurs de PrEP entre 2016 et 2023, seulement 8 % bénéficient de la complémentaire santé solidaire, moins de 1 % de l'aide médicale d'état. Les femmes ne représentent que 3 % des personnes recourant à la PrEP.
La fin de l'épidémie de sida possible d'ici à 2030
L'ONU estime qu'il est toujours possible de mettre fin à l'épidémie de sida d'ici 2030, à condition que l'on donne les moyens et la reconnaissance à ceux qui sont sur la ligne de front. « Les communautés du monde entier ont montré qu'elles étaient prêtes. Elles ont besoin de voir disparaître les obstacles qui entravent leur travail et de disposer des ressources adéquates », a déclaré la directrice de l'Onusida, Winnie Byanyima.
Sur les 39 millions de personnes qui vivent dans le monde avec le VIH, 20,8 millions se trouvent en Afrique orientale et australe et 6,5 millions en Asie et dans le Pacifique. Parmi elles, 9,2 millions n'ont pas accès aux traitements vitaux.
« Les lois et politiques néfastes à l'égard des personnes exposées au risque de VIH – notamment les professionnels du sexe, les HSH, les personnes transgenres et les consommateurs de drogues – mettent en danger les communautés », souligne le rapport de l'Onusida
Quelque 20,8 milliards de dollars (18,9 milliards d'euros) étaient disponibles pour les programmes de lutte contre le VIH dans les pays à revenu faible ou intermédiaire en 2022, bien en deçà des 29,3 milliards de dollars (26,6 milliards d'euros) nécessaires d'ici à 2025.
Il y a eu 1,3 million de nouvelles infections au VIH dans le monde l'année dernière, soit une baisse par rapport au pic de 3,2 millions de 1995. Et 86 % des personnes vivant avec le VIH étaient informées de leur statut sérologique, 76 % accédaient à un traitement et 71 % affichaient une charge virale assez faible pour correspondre à la définition de la suppression virale.
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