Alors que les températures grimpent, l’impact des fortes chaleurs sur la mortalité se précise. Ces huit dernières années, elles auraient provoqué dans l’Hexagone près de 33 000 décès. C’est ce que conclut un rapport de Santé publique France (SPF) publié ce 23 juin, qui estime « l’impact de la chaleur sur la mortalité en France métropolitaine sur les périodes estivales de 2014 (à) 2022 ».
Dans le cadre du Système d’alerte canicule et santé, SPF surveillait déjà depuis 2004 l’impact des pics de températures sur la population. Cependant, en termes de mortalité, l’agence n’était jusqu’à présent capable d’estimer que la mortalité toutes causes et le nombre de décès en excès, a rappelé lors d’un point presse Guillaume Boulanger, responsable d’unité qualité des milieux de vie et du travail et santé des populations à SPF.
Un manque de précision problématique alors que dans un contexte de changement climatique, « la chaleur constitue un des risques environnementaux climatiques parmi les plus préoccupants en Europe », souligne Sébastien Denys, Directeur Santé-Environnement-Travail de SPF. Et pour cause : depuis 2015 les canicules se révèlent de plus en plus précoces, de plus en plus rapprochées chronologiquement, de plus en plus étendues géographiquement, et de plus en plus intenses. Or comme l’expliquait SPF à la fin de l’été dernier – particulièrement chaud –, les fortes chaleurs ont des effets cardiovasculaires, respiratoires, psychiatriques, etc. variés.
La majorité des décès surviennent hors canicules
Dans ces conditions, l’agence a développé un modèle statistique « innovant » visant à estimer le nombre de décès spécifiquement attribuable à la chaleur dans l’Hexagone. Un outil qui a permis de déterminer la mortalité liée à la chaleur au cours des huit derniers étés (du 1er juin au 15 septembre), soit des saisons estivales 2014 à 2022.
Résultat : les températures élevées constituent bien le « fardeau humain le plus élevé en France métropolitaine », résume Santé publique France dans un communiqué. Au total, sur la période étudiée, sont attribuables à la chaleur « près de 33 000 décès » – dont 7 000 survenus rien que l’été dernier.
En outre, « le rapport souligne (…) que l’impact de la chaleur n’est pas limité aux périodes les plus extrêmes », ajoute SPF. Certes, le fardeau associé aux épisodes de canicules reste particulièrement lourd, 28 % des décès liés à la chaleur ayant été enregistrés pendant ce type d’épisodes – qui « ne représentent (pourtant) que 6 % des jours étudiés », souligne Guillaume Boulanger. Toutefois, plus de 70 % des décès ne s’avèrent pas liés à ces pics de températures. « L’exposition de la population à la chaleur en dehors des périodes de canicules, associée à un risque plus faible mais plus fréquent, contribue davantage à l’impact total que les chaleurs extrêmes », insiste SPF.
1/3 des décès recensés chez les moins de 75 ans
Enfin, ce travail montre que toutes les classes d’âge sont concernées, et pas seulement les personnes les plus âgées. Si de les 75 ans et plus restent les plus vulnérables aux températures élevées, un tiers des décès dus à la chaleur surviennent chez les moins de 75 ans, insiste Guillaume Boulanger.
Face à ces conclusions, SPF compte faire évoluer son dispositif de prévention. Le but : faire changer profondément et durablement les habitudes de la population face à la chaleur. Ainsi, face à l’impact des fortes chaleurs au-delà des périodes de températures extrêmes, l’instance entend diffuser des messages de prévention plus précocement qu’auparavant, sans attendre la canicule.
Toucher les populations qui ne s’identifient pas comme à risque
Puis, l’objectif est de toucher les populations qui ne s’identifient pas comme à risque, encore trop nombreuses. Trop de personnes considèrent davantage les fortes chaleurs comme « un désagrément ou un inconfort » que comme un risque pour leur santé, déplore Sandrine Randriamampianina, responsable de l’unité des risques infectieux et environnementaux de SPF. Ainsi, de nouveaux messages de prévention sont spécifiquement dédiés aux publics vivant dans des logements exposés à de fortes chaleurs ou aux individus pratiquant une activité physique en période estivale.
À noter que le dispositif de surveillance des canicules évolue aussi. « À partir de cet été, et 15 jours après la fin de chaque épisode de canicule (…), un point épidémiologique dédié inclura une première estimation de l’excès de mortalité toutes causes observées pendant l’épisode de canicule », annonce SPF. Un bilan consolidé utilisant le nouveau modèle d’estimation de la mortalité spécifiquement lié à la chaleur sera publié en fin de saison.
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