En 2022, le nombre de décès toutes causes confondues était en excès de 54 000 comparé à celui attendu, d’après le bulletin épidémiologique du 8 octobre de Santé publique France (SPF) avec 673 190 personnes mortes en France. Cet excès est plus marqué qu’en 2020 et 2021 (48 000 et 43 000 décès) et touche surtout les plus de 75 ans (+9,1 % par rapport à la projection) et les moins de 55 ans (+8,9 %). Les écarts constatés vis-à-vis des tendances passées sont cohérents avec les résultats internationaux.
L’agence sanitaire recense les évolutions dans la mortalité toutes causes. Les deux premières causes de décès en 2022 sont identiques aux années précédentes : d’abord les tumeurs, puis les maladies de l’appareil circulatoire (cardiopathies ischémiques, maladies cérébrovasculaires). Quant aux symptômes et états morbides mal définis, jusqu’ici la troisième cause de décès, ils sont détrônés par les maladies de l’appareil respiratoire en forte progression en 2022.
Au sein des décès toutes causes, l’étude publiée dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) met en évidence une surmortalité masculine 1,7 fois plus élevée que le taux féminin. Les personnes âgées sont de plus en plus touchées, avec près de 47 % des morts qui concernent les 85 ans et plus et un âge moyen au décès de 79,4 ans contre 79,1 en 2021.
Les morts par maladie respiratoire, hors Covid, de nouveau à un taux prépandémie
Les tendances de 2022 au sein des différentes causes de décès ont été analysées. Les tumeurs comptent pour un quart des décès (soit 171 630), les cancers du poumon, des bronches et de la trachée totalisant 18 % des morts dues à une tumeur, suivies par les cancers colorectaux (9,9 %). Au total, 55,5 % des décès par cancer surviennent chez des hommes, une surmortalité standardisée (sur l’âge) qui s’avère 1,7 fois supérieure à celle des femmes.
Les maladies de l’appareil circulatoire, deuxième cause de décès en 2022, ont entraîné 140 173 décès soit 20,8 % de l’ensemble. Même si le taux standardisé de décès cardiovasculaire est en hausse chez les femmes, les hommes restent plus touchés à âge identique avec une surmortalité de 2,7 pour les cardiopathies ischémiques et de 1,3 pour les maladies cérébrovasculaires par rapport aux femmes. Les maladies de l’appareil circulatoire sont les premières causes de décès chez les 85 ans et plus, à hauteur d’un quart.
Alors que la mortalité par Covid recule en cinquième place en 2022, grâce à une immunité collective élevée, celle des autres maladies respiratoires augmente à un niveau proche de celui de 2019 : 6,7 % des décès soit 45 071 personnes. Cette hausse concerne principalement les pneumonies (30,7 % des maladies respiratoires), les maladies chroniques des voies respiratoires inférieures (25,5 %) et la grippe (4,7 %). Plus de la moitié des personnes touchées ont 85 ans et plus. « Cette hausse pourrait s’expliquer en partie par les deux épidémies de grippe saisonnière 2021-22 et 2022-23 et à la circulation active d’autres virus respiratoires (notamment virus respiratoire syncytial) », analyse SPF.
Surveiller la mortalité pour améliorer les soins
Connaître les causes de mortalité n’est pas un simple recensement, cela permet aussi d’adapter l’offre de soins et d’orienter les politiques de santé publique. La surveillance doit être continue car des effets peuvent apparaître plusieurs années après.
Pour les auteurs, l’analyse reste à approfondir en prenant en compte les comorbidités et les disparités entre les populations pour comprendre les causes de décès évoluant à la hausse, surtout chez les personnes âgées. La collecte de données par exemple pourrait être améliorée avec la certification par les infirmiers lorsque ceux-ci ont connaissance du dossier médical du défunt.
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