Après la 3e dose, faudra-t-il passer par une 4e injection de vaccin Covid ? Alors que pour faire face à la cinquième vague, certains pays, comme la France, ont accéléré leur campagne de rappel de vaccination anti-Covid-19, une injection supplémentaire est déjà évoquée. « Le Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale doit rendre un avis sur ce sujet et nous avons également saisi la Haute autorité de santé (HAS) sur la question de la quatrième dose » a indiqué hier le ministère de la Santé lors d'un point presse.
Une 4e dose envisagée face à un recul de l'efficacité des vaccins
À l’origine de cette réflexion : la réduction de l’efficacité des vaccins à la fois dans le temps et face à Omicron. « Des résultats préliminaires d’études publiées récemment montrent que l’efficacité des vaccins contre les formes symptomatiques d’infection est significativement limitée face à Omicron et tendent à diminuer dans le temps », résumait hier après-midi lors d’une conférence de presse de l’Agence européenne du médicament (EMA) Marco Cavaleri, directeur de la stratégie vaccination de l’instance.
Or, le rappel s’est révélé un moyen sûr de rétablir l’efficacité des vaccins après quelques mois, même face au nouveau variant. « Les données sur l’impact en vie réelle [de cette stratégie] montrent qu’administrer une dose de rappel renforce la réponse immunitaire même au-delà de ce qui était constaté après la primo-vaccination, pour restaurer voire étendre la protection », rapporte Marco Cavaleri.
Si bien que par anticipation d’une nouvelle baisse d’efficacité et face à la vague actuelle, certains pays ont rapidement fait le choix d'instaurer un second rappel, à l’instar d’Israël. Après des annonces encourageantes concernant les résultats préliminaires d’essais cliniques à ce sujet, le pays aurait en effet « commencé le 3 janvier à injecter une quatrième dose aux personnes âgées de 60 ans et plus », indique l’AFP.
Une stratégie potentiellement contre-productive
Cependant, l’EMA temporise, soulignant le manque de recul actuel sur l’efficacité et l’innocuité de ce rappel supplémentaire. « Aucune donnée n’a pour le moment été générée pour soutenir cette approche », insiste le Dr Cavaleri.
Mais surtout, pour l’agence, la multiplication des rappels rapprochés apparaît peu soutenable. « Des vaccinations répétées à des intervalles de temps courts ne constitueraient pas une stratégie soutenable à long terme », estime Marco Cavaleri. Un point de vue d'ailleurs partagé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), dont quelques experts jugeaient hier qu'« une stratégie de vaccination basée sur des rappels répétés [...] a peu de chances d'être appropriée ou viable ».
De fait, une telle démarche pourrait lasser la population. « On ne peut vraiment pas proposer continuellement tous les 3 à 4 mois », insiste le Dr Cavaleri. Mais ce que craint surtout l’EMA, c’est que la multiplication des rappels s'avère véritablement contre-productive en abaissant l’efficacité des vaccins. « Nous devons prêter attention à ne pas surcharger le système immunitaire avec des immunisations répétées », juge Marco Cavaleri.
Prévoir le passage de la pandémie à l'endémie
Cependant, alors qu’avec Omicron, bien plus transmissible mais vraisemblablement significativement moins pathogène que ses prédécesseurs, le SARS-CoV-2 semble amorcer une transition de la pandémie à l’endémie, l’instance n’exclut pas des rappels plus éloignés dans le temps. « Si nous voulons évoluer vers un scénario d’endémicité, alors un rappel pourrait être synchronisé avec l’arrivée de la saison hivernale dans chaque hémisphère, de façon similaire à ce qui est proposé avec le vaccin antigrippal », détaille le Dr Cavaleri.
Reste toutefois à savoir non seulement si cet hypothétique passage à un stade endémique pourra se vérifier, et sur quel vaccin pourront s’appuyer dans le futur ces campagnes de vaccination.
En effet, alors que dès la découverte d’Omicron, les laboratoires et les régulateurs ont annoncé pouvoir mettre à disposition des vaccins adaptés au nouveau variant en quelques mois seulement, l’EMA appelle encore à ne pas se précipiter. « Des données supplémentaires sur l’impact d’Omicron et sur l’efficacité des vaccins autorisés, ainsi qu’une meilleure compréhension de l’évolution épidémiologique de la vague Omicron actuelle sont nécessaires pour déterminer dans quelle mesure un vaccin mis à jour avec une composition différente est justifié », juge le Dr Cavaleri.
Vers un vaccin anti-Covid-19 multivalent ?
En fait, ce que semble attendre le régulateur, c’est de savoir si un vaccin monovalent adapté à Omicron pourrait suffire, ou si un vaccin multivalent serait plus pertinent. Car pour Marco Cavaleri, l’objectif de ce nouveau vaccin potentiel ne serait pas simplement de s’adapter a posteriori à une mutation du SARS-CoV-2, mais d’essayer de prévenir de nouvelles chutes d’efficacité face à l’arrivée très probable de nouveaux variants. D’autant que « le temps qu’un vaccin adapté à Omicron soit développé, il est possible que la situation épidémiologique de l’UE évolue significativement en termes de variants circulants et d’exposition naturelle à Omicron », note-t-il.
Quoi qu’il en soit, un changement de stratégie aussi radical que l’adaptation de la composition des vaccins doit, pour être efficace, être décidé et appliqué à l’échelle globale, plaide l’EMA. De sorte qu'à l’initiative de l’agence, plusieurs instances telles que l’EMA et la FDA devaient se réunir aujourd'hui à ce sujet.
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