La 4e dose de vaccin anti-Covid-19 continue de partager. C’est ce que laisse entendre un communiqué commun des autorités sanitaires européennes. En effet, le 6 avril, l’Agence européenne des médicaments (EMA) et le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC) ont fait savoir qu’elles ne recommandaient pas la généralisation du 2e rappel à tous les séniors, et encore moins au reste de la population.
L’EMA avait déjà fait part à plusieurs reprises d'une certaine réserve vis-à-vis de cette injection supplémentaire, et plus généralement des rappels en série. Dès le mois de janvier, l’agence pointait un manque de recul sur l’efficacité et l’innocuité de cette 4e dose. Elle alertait par ailleurs quant au potentiel impact négatif de ce second rappel à la fois sur l’acceptabilité et sur l’efficacité de la vaccination – avec le risque de « surcharger » le système immunitaire.
Depuis, nombre de pays européens ont pourtant ouvert la voie à cette injection additionnelle, à l’instar de la France. De fait, mi-mars, le gouvernement a annoncé l’autorisation de la 4e dose de vaccin à ARNm chez les personnes âgées de plus de 80 ans ou vivant en Ehpad ou en USLD. Quelques jours plus tard, la Haute Autorité de santé (HAS) a proposé d’aller plus loin en élargissant la mesure aux volontaires de plus de 65 ans « à très haut risque de formes sévère de la maladie » ou simplement « polypathologiques ». Le 7 avril, le ministère de la Santé a surenchéri en ouvrant l'accès à ce second rappel à l’ensemble des séniors de plus de 60 ans à 6 mois de leur 3e dose.
Une efficacité clinique qui reste à confirmer
Mais même dans ce contexte, les autorités sanitaires européennes maintiennent leur position. « Il est trop tôt pour envisager d’utiliser une 4e dose de vaccin anti-Covid-19 à ARNm en population générale », répètent-elles.
Car pour l’EMA et l’ECDC, l’efficacité clinique de cette dose supplémentaire reste à prouver. Certes, des données israéliennes indiquent « qu’un second rappel administré au moins 4 mois après le premier restaure l’immunité sans faire émerger de nouveaux signaux de sécurité » et « suggèrent (…) une protection supplémentaire contre les formes sévères de Covid-19 », admettent les agences. Néanmoins, « la durée de ces bénéfices (potentiels) est pour le moment inconnue et les preuves restent limitées ».
La 3e dose suffisante ?
Mais surtout, pour l’EMA et l’ECDC, le besoin même en cette dose supplémentaire apparaîtrait discutable. « Chez les adultes de moins de 60 ans avec un système immunitaire normal, il n’y a pour le moment aucune preuve concluante suggérant que la protection contre les maladies graves conférée par les vaccins s’estompe au cours du temps ou que cette quatrième dose présente une valeur ajoutée. » Un point de vue qui vaut aussi chez les séniors de 60 à 79 ans. « Il n'existe actuellement aucune preuve claire dans l'UE d’une diminution substantielle de la protection vaccinale contre les maladies graves chez les 60-79 ans ayant un système immunitaire normal et donc aucune preuve claire pour soutenir l'utilisation immédiate d'une quatrième dose », insistent les autorités sanitaires.
D’ailleurs, dans un rapport daté du 8 mars, la Direction de la recherche, des études et des statistiques (Dress) affirme que si, « au-delà de trois mois, la dose de rappel ne semble plus protéger contre les infections au Covid-19 chez les personnes de 40 ans ou plus », cette troisième dose « reste efficace contre les formes sévères et graves ». « Les incidences hospitalières demeurent nettement plus faibles par rapport aux personnes non-vaccinées », ajoute-t-elle.
Réserver le deuxième rappel aux plus de 80 ans
Finalement, l’EMA et l’ECDC ne concèdent qu’une exception : les plus de 80 ans. « Les deux agences ont convenu qu'une quatrième dose (ou deuxième rappel) peut être administrée aux adultes de 80 ans et plus après avoir examiné les données sur le risque plus élevé de COVID-19 sévère dans ce groupe d'âge et la protection fournie par une quatrième dose. »
Au total, les deux instances recommandent donc de s’en tenir aux sujets les plus âgés, et temporisent pour le reste des publics. De fait, pour la population générale, l’EMA et l’ECDC évoquent l’automne et l’arrivée de nouvelles formules vaccinales. « Comme les campagnes de revaccination pourraient commencer à l'automne, les autorités examineront le meilleur moment pour des doses supplémentaires, en tirant éventuellement parti des vaccins actualisés. »
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