À Mayotte, plus que la crise de l'eau, l’épidémie de gastro-entérite met l’hôpital sous pression

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Publié le 05/09/2023

Crédit photo : BURGER/PHANIE

À Mayotte, l’épidémie actuelle de gastro-entérite, dont l’ampleur reste dans les normes habituelles, impacte, « plus que la crise de l’eau », l’activité du centre hospitalier de Mayotte (CHM) qui fait face à une pénurie de soins primaires, a indiqué Olivier Brahic, directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) de Mayotte, lors d’une conférence de presse.

Depuis trois semaines, les indicateurs de surveillance épidémiologiques pour la gastro-entérite sont en hausse, détaille Youssouf Hassani, responsable de la cellule Mayotte de Santé publique France. Les enfants de moins de 5 ans se présentant aux urgences pour ce motif représentaient 8 % de l’ensemble des passages aux urgences en semaine 33 (du 14 au 20 août), 17 % en semaine 34 et 25 % en semaine 35. Ces niveaux restent en dessous des tendances observées les années précédentes. Avant le Covid, le taux de passage des moins de 5 ans a atteint 32 %. La situation n’a donc « rien d’exceptionnel », assure Youssouf Hassani.

Une épidémie qui surcharge l’hôpital

L’activité liée à la gastro ne soulève « pas d’inquiétude », ajoute la Dr Alimata Gravaillac, cheffe du service des urgences du CHM. Mais, « aujourd’hui, en pédiatrie, plus de 70 % des enfants sont présents pour une gastro ». Si peu de cas graves sont recensés, cette activité « représente une charge pour le service », poursuit-elle.

Comme d’autres services hospitaliers en France, le CHM est en tension. Pour la prise en charge de la gastro-entérite, « la place du médecin de proximité est plus importante que celle des urgences », souligne la Dr Gravaillac. Mais, « le manque de moyens en amont reporte l’activité sur les urgences ».

Pour l’heure, le dispositif de régulation déportée du Samu 974 n’est pas activé. Les établissements de santé ne sont pas concernés par les coupures d’eau. Et l’hôpital compte parmi « les abonnés prioritaires pour l’eau », précise Olivier Brahic. La crise de l’eau peut pourtant « rendre plus complexe la mise en œuvre des recommandations », et notamment le lavage des mains, « un geste simple à ne pas négliger », insiste-t-il.

Depuis plusieurs mois, l'eau est distribuée au compte-gouttes aux 300 000 habitants de Mayotte (au 1er janvier 2022 selon l'Insee). Le département le plus pauvre de France connaît sa plus importante sécheresse depuis 1997, alors que son approvisionnement dépend essentiellement des eaux pluviales.

Des mesures d’urgence pour gérer la pénurie d’eau

En attendant la prochaine saison des pluies à partir de novembre, les autorités tentent de gérer la pénurie, en instaurant notamment un accès à l'eau potable un jour sur trois à partir du 4 septembre. En visite à Mayotte, le ministre chargé des Outre-mer, Philippe Vigier, a annoncé, le 2 septembre, le plan du plan du gouvernement pour éviter une crise sanitaire dans l'archipel : des distributions de bouteilles, le déploiement de citernes ainsi que des aides aux entreprises.

« Toutes les personnes qui sont vulnérables, notamment les femmes enceintes, les enfants, bénéficieront chaque jour d'une distribution d'eau, de deux litres par personne. Il y a déjà 30 000 personnes qui ont été identifiées », a précisé le ministre. À terme, les personnes handicapées et en longue maladie bénéficieraient également de ces distributions gratuites.

Quelques jours plus tôt, le 28 août, Olivier Brahic relayait les inquiétudes des soignants sur le nombre de patients présentant des troubles digestifs ou de cas de déshydratation. L’ARS recommande de faire bouillir l’eau car des bactéries peuvent s'infiltrer dans les canalisations lors des coupures, mais aussi le lavage régulier des mains, pour lequel « un tiers de bouteille » suffit, selon le patron de l’ARS.


Source : lequotidiendumedecin.fr