La diffusion du virus Monkeypox se poursuit dans le monde et en France. Ainsi, selon Santé publique France 7 cas de variole du singe ont désormais été confirmés dans l’Hexagone – en Île de France, en Auvergne-Rhône-Alpes, en Occitanie et en Normandie. Dans ce contexte, les autorités sanitaires avancent dans l’élaboration de la conduite à tenir face à la variole simienne.
Le 19 mai, face à l’émergence du premier cas français de variole simienne, une définition de cas avait déjà été élaborée et diffusée via un DGS-Urgent. Ce message décrivait par ailleurs les signes évocateurs de la maladie ainsi que ses modes de transmission - à prendre en compte pour l'isolement des cas et la protection de leur entourage.
Depuis, la Haute Autorité de santé a également précisé la conduite à tenir vis-à-vis des cas contacts à risque en préconisant la mise en place d’une « stratégie vaccinale réactive ». Une stratégie fondée sur le vaccin antivariolique « de troisième génération » Imvanex© (Bavarian Nordic) visant surtout à réduire la transmission interhumaine du virus et ainsi endiguer sa propagation.
Prise en charge à domicile en l'absence de signes de gravité
Restait à préciser les modalités de prise en charge des sujets touchés par le Monkeypox, ce à quoi viennent de s’employer Santé publique France, la Coordination opérationnelle contre les risques épidémiques et biologiques (Coreb) et le SAMU. En effet, les trois instances ont dessiné, du moins d’un point de vue organisationnel, les principes de l’accompagnement des patients, décrit dans un nouveau DGS-Urgent publié dans la soirée du 25 mai.
Pour résumer, les instances proposent en particulier aux patients et aux professionnels de ville de s’adresser au SAMU en cas de symptômes suspects. « Les régulations des SAMU-Centre 15 sont en lien avec les infectiologues référents pour classer le cas et, pour les cas suspects ou probables, organiser leur prise en charge. Des téléconsultations pourront ainsi être organisées, si nécessaire », indique le DGS-Urgent. Si la prise en charge peut se faire à domicile – à condition pour le sujet concerné de pouvoir notamment respecter des règles d’hygiène et d’isolement –, « les patients avec des formes graves de la maladie seront adressés en première intention dans les établissements de santé de référence ».
Traitement de support quelle que soit la sévérité de la maladie
Pour sa part, le Haut Conseil de la Santé publique (HCSP) vient de faire le point sur les traitements disponibles.
Dans tous les cas, le Haut Conseil préconise de mettre en place un traitement de support adapté .
Et face à une forme sévère (plus de 100 lésions cutanées, douleurs buccales, volumineuses adénopathies avec risque de compression des voies aériennes, etc.), la HCSP propose – après discussion collégiale – de recourir en plus à des traitements plus spécifiques, développés pour la plupart contre la variole classique mais qui font l’objet d’expérimentation dans la variole simienne, avec des signaux positifs. À commencer par un premier antiviral : le tecovirimat, autorisé dans l’UE depuis janvier 2022 chez les individus de plus de 13 kg, utilisable par voie orale (gélule) et qui semble bien toléré.
Des traitements spécifiques en cas de forme grave
En deuxième et troisième intentions dans ces cas graves peuvent aussi être utilisés deux autres antiviraux : le brincidofovir, puis le cidofovir – disponible en accès compassionnel contre la rétinite à CMV mais qui présente nombre d’inconvénients (voie injectable, forte toxicité rénale et hématologique, potentiel effet carcinogène, tératogène et reprotoxique, précise le HCSP).
À noter l’existence d’ « immunoglobulines humaines anti-vaccine (VIG) », à réserver, aux yeux de l’autorité sanitaire, à des « populations particulières, lorsque les antiviraux ne peuvent pas être utilisés : femmes enceintes, jeunes enfants avec poids de moins de 13 kg ».
Si l’utilisation à large échelle de tous ces vaccins et antiviraux n’est pas d’actualité, reste tout de même à en assurer l’accès pour les cas contacts et potentiels cas de forme graves qui pourraient en avoir besoin. Pour ce faire, les autorités nationales et internationales apparaissent mobilisées.
Des achats groupés de vaccins et de traitements prévus dans l'UE
Un arrêté paru hier au journal officiel a posé les jalons du cadre d’utilisation du vaccin antivariolique Imvanex (aussi appelé Jynneos en Amérique du Nord), qui dispose d’une AMM dans « l’immunisation active contre la variole chez les adultes », mais n’est pas commercialisé en France. Désormais ce produit peut être autorisé « à titre dérogatoire (…) dans le traitement prophylactique contre la variole du singe des personnes contacts à risque d’un malade) ». L’importation et le stockage du vaccin dépendent de l’Agence nationale de santé publique et du Service de Santé des Armées (stock d’état).
Selon la nouvelle ministre de la Santé, Brigitte Bourguignon, ce stock d’État de vaccin antivariolique serait déjà constitué et disponible. « Les stocks sont là, nous avons des stocks stratégiques », assurait-elle le 25 mai.
Ce stock pourrait prochainement s’étoffer. Car selon l’AFP, l’Union européenne prépare des achats groupés de vaccins et autres produits antivarioliques. « Les procédures exactes seront déterminées avec les États membres au cours des prochains jours », aurait affirmé le 26 mai le porte-parole de la commission européenne pour les questions de santé, Stefan De Keersmaecker. D’ailleurs, le laboratoire Bavarian Nordic, qui produit le vaccin, commence à annoncer de premiers contrats d’approvisionnement.
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