Mpox et urgence de portée internationale : l'OMS alerte sur le risque de cas importés en Europe

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Publié le 16/08/2024

Au lendemain de l’annonce de l’urgence de santé publique de portée internationale par l’OMS, la Suède a fait état ce 15 août d’un premier cas importé de mpox. D’autres sont attendus « prochainement » sur le continent européen. Un cas a aussi été rapporté au Pakistan.

Crédit photo : MOSES SAWASAWA/AP/SIPA

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a alerté ce jeudi 15 août que d'autres cas importés de mpox étaient susceptibles d'être détectés prochainement en Europe après le signalement en Suède d'un premier cas du variant plus contagieux et dangereux, le clade 1b. La maladie a fait au moins 548 morts depuis début 2024 en République démocratique du Congo (RDC), le pays le plus touché.

« Il est probable que d'autres cas importés de clade 1 soient enregistrés dans la région européenne au cours des prochains jours et des prochaines semaines », a indiqué la branche Europe de l’OMS. Et le Pakistan a fait état ce vendredi 16 d'un premier cas de mpox sur son territoire. De son côté, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) « recommande aux autorités sanitaires de maintenir un niveau élevé de planification de leur préparation (...) afin de permettre une détection et une réponse rapides à tout nouveau cas », dans un communiqué.

L'organisation onusienne avait déclenché, lors d’une réunion de son comité d’urgence mercredi 14 août, son niveau d'alerte le plus élevé au plan international face à la résurgence des cas de mpox sur le continent africain. Au total, 38 465 cas de cette maladie, anciennement connue sous le nom de variole du singe, ont été recensés dans 16 pays africains depuis janvier 2022 (dont 1 456 décès), avec notamment une augmentation de 160 % du nombre des cas en 2024 par rapport à l'année précédente, selon des données publiées début août par l'agence de santé de l'Union africaine, l’Africa CDC.

« Ne pas stigmatiser les voyageurs »

Jeudi 15 août, l'Agence suédoise de santé publique a annoncé qu'une personne vivant dans la région de Stockholm avait été diagnostiquée comme porteuse du sous-type clade 1, une première hors d'Afrique. « La personne touchée a été infectée au cours d'un séjour dans une région d'Afrique où sévit une importante épidémie de mpox du sous-type clade 1 », a expliqué Olivia Wigzell, la cheffe intérimaire de l'agence suédoise, pendant une conférence de presse.

L’ECDC a précisé à l'AFP dans un message qu'il s'agissait du variant du mpox du sous-type clade 1b, qui connaît une résurgence en RDC depuis septembre 2023. Dans ce pays d'environ 100 millions d'habitants, toutes les provinces sont désormais touchées par l'épidémie.

L’agence sanitaire européenne avertit que la probabilité d'infection pour les personnes en provenance d'Europe se rendant dans les zones touchées et ayant des contacts étroits avec les communautés touchées « est élevée ». Quant au risque de transmission dans l’Union européenne s’il y a des contacts étroits avec un cas importé, il est considéré « modéré ». L’ECDC indique avoir bon espoir que l’impact reste « faible » sur le continent avec la mise en place d’une surveillance renforcée et d’une préparation efficace.

Pour l'OMS, « il est impératif que nous ne stigmatisions pas les voyageurs ou les pays/régions ». « Ce n'est qu'en travaillant ensemble, en partageant les données et en prenant les mesures de santé publique nécessaires que nous pourrons contrôler la propagation de ce virus », a ajouté l'organisation qui estime crucial d'éviter restrictions de voyage et fermetures de frontières.

Selon le dernier rapport épidémiologique, « notre pays a enregistré 15 664 cas potentiels et 548 décès depuis le début de l'année », a déclaré jeudi 15 le ministre congolais de la Santé Samuel-Roger Kamba. Au 3 août, l’Africa CDC avait recensé 455 décès et 14 479 contaminations dans 25 des 26 provinces de la RDC. Les provinces du Sud-Kivu, du Nord-Kivu, de Tshopo (est), d'Équateur, du Nord-Ubangi, de Tshuapa, de Mongala (nord) et de Sankuru (centre) sont les plus affectées, selon le ministre. À travers la mobilisation internationale, « nous activons tous les mécanismes nécessaires pour identifier et traiter les cas » gratuitement, a souligné M. Kamba.

Une souche plus dangereuse, en particulier chez les enfants

Selon un communiqué du ministère américain de la Santé diffusé le 14 août, « la vaccination sera un élément essentiel de la riposte à cette épidémie. Pour soutenir cet effort, les États-Unis font don de 50 000 doses du vaccin Jynneos (Imvanex en Europe, NDLR) approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) à la RDC ». Le laboratoire pharmaceutique danois Bavarian Nordic, dont le titre a bondi jeudi 15 en Bourse, s'est dit prêt à produire jusqu'à 10 millions de doses de vaccins d'ici à 2025 (voir encadré).

Le mpox est une maladie virale qui se propage de l'animal à l'homme mais qui se transmet aussi via un contact physique étroit avec une personne infectée par le virus. En 2022, une épidémie mondiale, portée par le clade 2, s'était propagée dans une centaine de pays où la maladie n'était pas endémique, touchant surtout des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). L'épidémie avait fait quelque 140 morts sur environ 90 000 cas.

L'épidémie actuelle, partie de la RDC, a ses spécificités, en premier lieu un virus plus contagieux et dangereux. Elle est provoquée par le clade 1b. Selon l’Africa CDC, son taux de mortalité est évalué à 3,6 % ; les enfants de moins de 15 ans sont la tranche d’âge la plus touchée par le virus avec un taux de mortalité plus élevée chez les petits (8,6 % chez les moins d’un an). Le clade 1b fait apparaître des éruptions cutanées sur tout le corps, quand les précédentes souches étaient caractérisées par des éruptions et des lésions localisées sur la bouche, le visage ou les parties génitales.

Le mpox a été diagnostiqué pour la première fois chez des humains en 1970 dans l'actuelle RDC (ex-Zaïre), avec la diffusion du sous-type clade 1 (dont le nouveau variant est une mutation), principalement limitée depuis à des pays de l'ouest et du centre de l'Afrique, les malades étant généralement contaminés par des animaux infectés.

Bavarian Nordic veut homologuer son vaccin chez les adolescents

Le laboratoire pharmaceutique danois Bavarian Nordic a annoncé ce 16 août avoir demandé à l'Agence européenne du médicament (EMA) l'extension de l'utilisation de son vaccin aux adolescents de 12 à 17 ans.

« Les résultats intermédiaires de l'étude clinique montrent la non-infériorité des réponses immunitaires de la vaccination contre le virus mpox et la variole chez les adolescents et un profil d'innocuité similaire à celui des adultes », a écrit le laboratoire dans un communiqué. Aux États-Unis, lors de la précédente épidémie de mpox en 2022, la Food and Drug Administration (FDA) avait accordé au vaccin une autorisation d'utilisation d'urgence pour les adolescents.

Le laboratoire danois s'est dit prêt à produire jusqu'à 10 millions de doses de vaccins d'ici à 2025. « Nous disposons d'une capacité de fabrication supplémentaire de 2 millions de doses pour 2024 et (d'un total) de 10 millions de doses d'ici à 2025 », a déclaré à l'AFP Rolf Sass Sørensen, le vice-président de Bavarian Nordic, dont le vaccin est homologué depuis 2019. Pour fabriquer ces doses supplémentaires, la société attend les commandes des pays concernés. « Nous avons besoin de voir les contrats », a-t-il ajouté. Actuellement le laboratoire a quelque 500 000 doses en stock.

De plus, quelque 200 000 doses vont être déployées par l'agence de santé de l'Union africaine Africa CDC sur le continent, grâce à un accord avec l'Union européenne (UE) et le fabricant danois.

Avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr