« À ce jour, aucune contamination par le clade 1 n’a encore été recensée en France », a indiqué le gouvernement sur son site internet ce 19 août, à l’issue d’une nouvelle réunion à Matignon dans l’après-midi. Alors que l’épidémie de mpox est en pleine recrudescence dans le monde, sous la pression du clade 1b qui circule dans une partie de l’Afrique, les autorités françaises s’attendent à ce que des « cas sporadiques » de ce nouveau sous-type « apparaissent, sans doute prochainement », selon les mots du ministre démissionnaire délégué à la Santé Frédéric Valletoux, dans une interview à La Tribune. Le gouvernement français renforce la surveillance, tandis que la Haute Autorité de santé (HAS) doit mettre à jour les recommandations vaccinales d’ici à fin août.
Depuis le 16 août, soit deux jours après la déclaration par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) d’une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI), la France a placé son système de santé en état de vigilance maximale. « Nous nous tenons prêts à faire face à tous les scénarios et à tous les risques » a écrit le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal sur X (ex-Twitter).
232 sites de vaccination ouverts
« Quelque 232 sites de vaccination sont déjà ouverts à travers le territoire et de nombreux autres seront disponibles », a indiqué Gabriel Attal ce 20 août sur son compte X. « À ma demande, le ministère de la Santé a saisi la Haute Autorité de santé pour mettre à jour, d’ici fin août, ses recommandations vaccinales », a-t-il ajouté. Dans son dernier avis, datant de janvier 2023, la HAS recommandait la vaccination uniquement pour les personnes ayant été en contact avec des malades si les cas restaient « isolés ou dispersés ».
Par ailleurs, la cellule d’intervention biologique d’urgence (Cibu) de l’Institut Pasteur est chargée d’analyser, sur demande des autorités sanitaires, les prélèvements suspects réalisés dans les établissements hospitaliers parisiens ou au centre médical de Pasteur (CMIP) pour établir un diagnostic de mpox, en lien avec le centre national de référence–laboratoire expert (CNR-LE) des orthopoxvirus.
Le CMIP, qui avait pris en charge des patients atteints de mpox lors de la précédente épidémie en 2022, a déclenché son protocole interne lui permettant de tester les patients présentant des symptômes évocateurs en toute sécurité : réalisation des prélèvements dans une chambre d’isolement à pression négative et application d’une procédure éprouvée pour la manipulation, l’emballage et le transport des échantillons vers un laboratoire confiné de niveau de sécurité biologique 3. En cas de test positif, la prise en charge des patients sera assurée en lien avec les établissements de santé de référence, est-il précisé.
Le CMIP est aussi « prêt à tester et vacciner » dans ses murs toutes les personnes issues des populations ciblées par les recommandations sanitaires en cours de réévaluation, a assuré l’Institut Pasteur, sollicité par la Direction générale de la santé (DGS). « Il s’agit d’une situation sanitaire sérieuse qui requiert toute notre vigilance », a commenté Yasmine Belkaid, directrice générale, citée dans un communiqué daté du 19 août.
Déclaration obligatoire
Dans un DGS-Urgent daté du 16 août, il est rappelé aux médecins que le mpox est une maladie à déclaration obligatoire, comme les autres orthopoxviroses. « Tout cas suspect doit être signalé sans délai à l’agence régionale de santé de votre région afin qu’elle mette en place les mesures nécessaires à la limitation du risque de propagation : isolement, contact tracing pour identification des personnes contacts, rappel des mesures de prévention, organisation de la vaccination des contacts, etc. En particulier, une vaccination réactive autour des cas pourra être mise en place afin de limiter le risque de propagation » grâce aux centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd), lit-on.
La France devrait aussi participer à l’effort pour livrer des vaccins aux pays les plus touchés. « Comme l’a souhaité le président de la République, la France fera don de 100 000 doses de vaccin. Ces doses seront distribuées via l’Union européenne aux régions où le virus circule fortement », a indiqué Gabriel Attal. Ces dons renforceront de près de 50 % l’effort européen actuel ; 200 000 doses devraient être en effet déployées en Afrique, grâce à un accord avec l'Union européenne (UE) et le laboratoire pharmaceutique danois Bavarian Nordic, dont le vaccin MVA-BN est homologué depuis 2019.
La République démocratique du Congo en attente de vaccins
L’attente est grande en Afrique, notamment en République démocratique du Congo (RDC) qui espère recevoir les premières doses la semaine prochaine. La maladie a déjà touché plus de 16 700 personnes et fait au moins 570 morts. « Beaucoup d'enfants de moins de 15 ans sont touchés, a dit le ministre de la Santé Samuel-Roger Kamba ce 19 août. Notre plan stratégique de réponse à la vaccination est déjà prêt, nous attendons juste que les vaccins arrivent ».
« Nous avons deux pays essentiellement qui nous ont promis des vaccins. Le premier pays, c'est le Japon. Et le deuxième pays, ce sont les États-Unis d'Amérique », a-t-il ajouté. Les États-Unis ont promis 50 000 doses, tandis que le Japon se serait engagé à livrer 3,5 millions de doses, uniquement pour les enfants, selon un responsable de la cellule de riposte sous couvert d'anonymat. La RDC « compte vacciner 4 millions de personnes dont 3,5 millions d'enfants » (sur 100 millions d’habitants), a ajouté cette source.
Quant à l’OMS, elle a précisé ce 19 août ses lignes directrices pour les pays touchés, les exhortant à lancer des plans de vaccination dans les zones où des cas sont apparus, « lorsque la maladie s'est déclarée au cours des deux à quatre semaines précédentes, ciblant les personnes à risque d'infection élevé (par exemple, les contacts des cas, y compris les contacts sexuels, les enfants, les travailleurs de la santé et le personnel soignant ». Les pays doivent aussi enquêter sur les flambées de variole, afin de comprendre sa transmission et d'empêcher sa propagation « aux membres de la famille et aux communautés ».
L'OMS ajoute que les pays doivent être prêts à fournir de la nourriture et d'autres formes de soutien aux patients, « y compris, si cela est justifié et possible, l'isolement dans des centres de soins ».
Et d’appeler à renforcer la collaboration transfrontalière pour surveiller et traiter les cas suspects « sans recourir à des restrictions générales sur les voyages et le commerce qui auraient un impact inutile sur les économies ». L’OMS insiste enfin sur l’importance de lutter contre la stigmatisation liée à la maladie.
Pas un nouveau Covid, selon l’OMS
Le monde en sait « déjà beaucoup » sur le mpox et l'on ne peut donc pas le considérer comme « le nouveau Covid », a affirmé ce 20 août le directeur Europe de l’OMS, Hans Kluge. « Nous en savons déjà beaucoup sur le clade 2, à l'origine de l'épidémie de 2022. Il nous reste à en apprendre davantage sur le clade 1 », qui circule en Afrique centrale et orientale (RDC, Burundi, Kenya, Rwanda, Ouganda), a-t-il affirmé.
« Alors que pour le clade 1a, les malades sont généralement contaminés par des animaux infectés, nous n'avons pas isolé ou détecté de transmission zoonotique du clade 1b », a indiqué la Dr Catherine Smallwood, du bureau européen de l'OMS. « Il semble donc s'agir d'une souche du virus qui circule exclusivement au sein de la population humaine, et certains des changements viraux identifiés par les virologues nous montrent qu'il est probable qu'elle se transmette plus efficacement entre humains », a-t-elle ajouté. « Nous savons que le clade 1 est plus dangereux que le clade 2 », a enchéri un porte-parole de l'OMS à Genève, Tarik Jasarevic, mais les spécialistes cherchent maintenant à savoir s'il existe une réelle différence entre le clade 1a et le clade 1b en termes de gravité.
L’OMS rejette l’éventualité d’un confinement et ne recommande pas le port du masque, ni la vaccination de masse. Les vaccins doivent être dirigés vers les groupes les plus à risque en cas d’épidémie. Deux vaccins ont déjà été utilisés ces dernières années : le MVA-BN, du laboratoire pharmaceutique danois Bavarian Nordic, et le LC16, produit pour le compte du gouvernement japonais. Un troisième vaccin, l'Acam2000, est recommandé par le Groupe stratégique consultatif d’experts (Sage) de l’OMS sur la vaccination, « au cas où le MVA-BN et le LC16 ne seraient pas disponibles ».
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