Alors que la région Europe connaît une recrudescence de l’épidémie de rougeole « alarmante », selon les termes de l’Organisation mondiale de la santé, la Grande-Bretagne lance cette fin janvier une grande campagne de sensibilisation à destination des parents mais aussi des jeunes adultes pour tenter d’améliorer la couverture vaccinale.
Plus de 3,4 millions d’enfants, âgés de moins de 16 ans, ne seraient pas immunisés contre cette maladie évitable, selon les chiffres du National Health Service (NHS). Seulement 85 % des enfants entre 2022 et 2023 ont reçu leurs deux doses de vaccin MMR (pour measles, mumps, rubella, l’équivalent du ROR français), à leur cinquième anniversaire. Un niveau au plus bas depuis 2010-2011, et loin des 95 % recommandés par l’Organisation mondiale de la santé et les autorités nationales. Conséquence : entre janvier et le 30 novembre 2023, 209 cas de rougeole confirmés ont été recensés en Angleterre, avec une dynamique qui s’est intensifiée à l’automne.
Le NHS veut inciter les parents à contacter leur médecin généraliste afin d’immuniser leurs enfants âgés de 6 mois à 11 ans. L’an passé, une précédente campagne, avec l’envoi de deux millions de courriers, mails ou SMS, a permis de protéger 165 000 petits de 1 à 5 ans. Par ailleurs, un million de jeunes de 11 à 25 ans résidant dans des endroits où la couverture vaccinale est particulièrement faible, Londres et les Midlands de l'Ouest, sont incités à faire leur rattrapage.
« La rougeole est une maladie grave : un enfant sur cinq qui en est atteint doit être soigné à l'hôpital. Si vous ou votre enfant n'avez pas reçu le vaccin ROR, il est essentiel que vous vous manifestiez », insiste Steve Russell, responsable des vaccinations au NHS. Et de rappeler qu’un enfant atteint de rougeole dans une classe peut en contaminer jusqu’à neuf autres, rendant la maladie aussi contagieuse que le Covid-19.
Une centaine de cas en France
Le ton n’est pas aussi alarmiste en France, où la situation est tout autre, même si Santé publique France ne relâche pas sa vigilance sur la vaccination, qui est obligatoire pour tous les enfants nés à partir du 1er janvier 2018 (première dose à 12 mois, et seconde entre 16 et 18 mois).
Après une quasi-absence de circulation virale lors de la pandémie de Covid-19 (avec un total de 41 cas rapportés entre avril 2020 et décembre 2022), il y aurait ainsi eu 111 cas en France en 2023, selon les premières données non consolidées – un bilan détaillé sera publié dans le courant du 1er trimestre 2024. L’objectif d’une couverture vaccinale à deux doses de 95 % à l’âge de 2 ans est presque atteint : à 24 mois, elle serait de 94,3 % pour la première dose et de 91,3 % pour la seconde. Mais « il persiste des populations insuffisamment vaccinées, en particulier chez les adolescents et les jeunes adultes (seulement 90,4 % pour les 18-35 ans) ou encore au sein de populations particulières éloignées du système de santé », lit-on. Aussi SPF insiste-t-elle sur l’importance désormais de vérifier le statut vaccinal et de le mettre à jour, le cas échéant, dans les tranches d’âge plus élevées.
Selon le bilan du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) daté du 11 janvier 2024, plus de 2 242 cas ont été rapportés par 22 pays entre janvier et novembre 2023, avec près de deux tiers des cas signalés par la Roumanie. Bilan qui pourrait s’alourdir au printemps, compte tenu de la couverture vaccinale sub-optimale pour la deuxième dose dans la majorité des pays de l’Union européenne. Sur les 12 derniers mois, la France se place au sixième rang en matière de taux de notification pour la région UE/EEE, à 1,64 par million d’habitants, pour une moyenne de 4,98, derrière, la Roumanie (88,7), le Liechtenstein (76,3), l’Autriche (19,1), la Belgique (6,54) et l’Estonie (3).
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