Le virus de la rougeole n’a à nouveau presque pas circulé en France en 2021. C’est ce que constate Santé publique France, qui a publié le 28 avril les dernières données annuelles de surveillance de la maladie.
De fait, selon le Bulletin épidémiologique 2021 de l'agence, seuls 16 cas de rougeole ont été signalés en France l’année dernière. Et encore, 5 cas se révèlent en fait importés : deux du Mali, un de la République démocratique du Congo, et deux du Brésil – ces deux derniers ayant chacun entraîné un cas secondaire. Ainsi, l’agence de santé publique calcule que le taux de déclaration de cas autochtones ne dépasse pas 0,02 cas/100 000 habitants, et conclut à une « quasi-absence » de la rougeole.
Une circulation aussi basse qu'entre avril et décembre 2020
Et à noter, que ces quelques cas ne se sont par ailleurs pas avérés particulièrement sévères. Seuls trois (moins de 20 %) ont donné lieu à une hospitalisation, aucune en service de réanimation. Et si deux malades ont contracté une pneumopathie, « aucune encéphalite et aucun décès ne sont survenus ».
Autant de chiffres qui ne sont pas sans rappeler ceux de 2020. Il y a deux ans, une forte chute de l’incidence de la rougeole avait déjà été enregistrée : le nombre total de cas recensés n’était que de 240, soit près de 10 fois moins qu’en 2019. Et la grande majorité de ces cas avait en fait été enregistrée au début de l'année, seule une dizaine de cas ayant été déclarée entre avril et décembre. « La dynamique de l’épidémie de rougeole (en 2021) a été identique à celle observée lors des neuf derniers mois de 2020 », conclut ainsi Santé publique France.
Un effet positif des gestes barrières
À l’origine de ce bas niveau de circulation virale enregistré de façon continue depuis le printemps 2020 : la pandémie de Covid-19. « La quasi-absence de circulation virale entre avril 2020 et (2021) est probablement liée en partie au confinement instauré en France entre les mois de mars et de mai 2020, ainsi qu’au maintien, en 2021 (…), des mesures recommandées à la population pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 (distanciation, gestes barrières, port du masque, couvre-feu) ayant un effet sur la transmission des autres pathogènes respiratoires », avance Santé publique France.
Mais pour l'agence, ce maintien à de faibles niveaux de la circulation de la rougeole serait aussi lié à une « amélioration de la couverture vaccinale chez les nourrissons ». De fait, selon les données de vaccination récemment mises à jour, la couverture vaccinale de la première dose du vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) à l’âge de 21 mois aurait encore progressé d’un point entre 2019 et 2021.
L'objectif de 95 % d'enfants vaccinés par encore atteint en France
Cependant, il semble trop tôt pour crier victoire, notamment sur le front de la vaccination. Malgré ces récents progrès, les couvertures vaccinales n’atteignent toujours pas l’objectif fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à 95 %. En effet, le taux de vaccination des jeunes Français n'atteignait, en 2021, que 93,4 %. De plus, sur les 11 sujets concernés par les cas autochtones de rougeole recensés, 9 étaient ciblés par la vaccination.
En outre, l’OMS s’inquiète d’ores et déjà des effets que pourrait avoir sur l’épidémie de rougeole l’abandon des mesures de freinage du SARS-CoV-2. Et ce, à l’échelle internationale. En effet, dans un communiqué paru ce 27 avril, l'instance fait part, avec l'Unicef, d’une flambée préoccupante (+ 79 %) des cas de rougeole dans le monde au cours des deux premiers mois de l’année 2022.
Vers un bilan mondial lourd en 2022 ?
Une augmentation potentiellement accentuée par « le déplacement de millions de personnes déclenché par les conflits et les crises qui font rage en Ukraine, en Éthiopie, en Somalie et en Afghanistan, entre autres pays » … et particulièrement préoccupante au regard des conséquences de la crise sanitaire sur les taux de vaccination. « Les perturbations liées à la pandémie, l’aggravation des inégalités en matière d’accès aux vaccins et la réaffectation des ressources destinées à la vaccination de routine empêchent un trop grand nombre d’enfants de recevoir une protection contre la rougeole », déplore l’OMS. Ainsi, « des millions d’enfants » pourraient être touchés en 2022.
La France, où les mesures de freinage ont été maintenues en ce début d'année 2022, ne semble pas encore concernée par ce rebond épidémique. Du moins, pas entre janvier et mars.
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