Sachets de nicotine, de tabac ou encore billes aromatiques pour cigarettes, ces produits entraînent de plus en plus d'intoxications, principalement d'enfants et adolescents, alerte l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) dans un rapport de toxicovigilance publié ce 30 novembre.
Non seulement l’offre de produits du tabac, connexes - sans tabac mais avec de la nicotine - ou d'arômes pour les produits du tabac « ne cesse de se diversifier », mais « des produits plus anciens, voire interdits, sont également consommés : tabac à mâcher et snus (tabac en sachet à usage oral) », précise l'agence sanitaire.
Les centres antipoison (CAP) rendent public le bilan des cas d'intoxications qui leur ont été remontés entre début 2017 et fin 2022 pour cinq produits : tabac à chauffer, sachets de nicotine sans tabac (appelés nicotine pouches ou nicopods, non réglementés, ils contiennent des fibres de polymères imprégnées de nicotine et se glissent entre la lèvre et la gencive), billes aromatiques, tabac à mâcher et snus (proches, par leur présentation des nicopods, mais interdits en Europe, sauf en Suède).
Résultat : le nombre d'appels n'a cessé d'augmenter ces trois dernières années pour les sachets de nicotine (0 cas en 2020, 10 en 2021, 6 en 2022), le snus (respectivement, 0, 5, 21) et les billes aromatiques (de 3,46, 86), selon l'Anses.
Syndromes nicotiniques et risque de dépendance
Les enfants et adolescents sont les principales victimes de ces produits, déplore l'Anses. La majorité des personnes intoxiquées à la suite d'une consommation intentionnelle de sachets de nicotine ou de snus était âgée de 12 à 17 ans. Les adolescents ont présenté des syndromes nicotiniques aigus parfois sévères : vomissements prolongés avec risque de déshydratation, convulsions, troubles de la conscience, hypotension ayant nécessité un remplissage vasculaire. Par ailleurs, une consommation régulière de nicotine expose au développement d'une dépendance à moyen et long terme, rappelle l'Anses.
Le nombre de cas est probablement sous-estimé : « Le recours à la consultation par téléphone d’un CAP n’est pas systématique et de nombreuses intoxications sont gérées par des médecins généralistes ou urgentistes », lit-on.
Ces produits sont en effet largement promus sur les réseaux sociaux, et les victimes adressées aux centres antipoison sont parfois déjà signalées par les établissements scolaires. L'Anses insiste donc sur l'importance de sensibiliser la communauté éducative, les professionnels de santé et l'entourage de ces jeunes aux risques de l'exposition à la nicotine, à court, moyen et long terme.
« Il est indispensable de mettre en place un cadre réglementaire pour ces produits qui n’ont pour le moment aucun statut clair et qui ne bénéficient d’aucun contrôle », considère en outre Cécilia Solal, pharmacienne toxicologue, coordonnatrice de l'étude.
Le gouvernement surveille les sachets de nicotine et prendra « les mesures nécessaires » contre « toute pratique qui peut paraître ludique ou détournée de l’impact du tabac », a assuré le ministre de la Santé Aurélien Rousseau lors de la présentation du nouveau plan de lutte contre le tabagisme, ce 28 novembre.
Attention aux accidents chez les jeunes enfants
Second cheval de bataille de l'Anses : les accidents domestiques, autrement dit, les jeunes enfants qui ingèrent accidentellement à leur domicile du tabac à mâcher ou à chauffer, ces bâtonnets à insérer dans un dispositif de chauffage pour produire un aérosol inhalable.
Les enfants ont présenté des symptômes peu graves mais une dizaine d’entre eux ont manifesté un syndrome nicotinique sévère, nécessitant une prise en charge hospitalière, décrit l'étude : vomissements prolongés avec risque de déshydratation, convulsions, troubles de la conscience, hypotension ayant nécessité un remplissage vasculaire.
Depuis 2020, l'Anses observe de tels accidents avec les billes aromatiques, destinés à être insérées dans le filtre de la cigarette, dont la vente se développe depuis l'interdiction des cigarettes avec arômes (2016 puis 2020 pour l'arôme mentholé).
En l'occurrence, le nombre d’appels aux CAP est passé de 3 en 2020, à 86 en 2022, pour des enfants de moins de 3 ans dans les trois quarts des cas. Les adultes étaient aussi concernés, ayant confondu ces billes avec des bonbons, ou aspiré une bille mal insérée dans le filtre de la cigarette. Les principaux symptômes étaient des douleurs abdominales ou gastriques et des nausées.
Encore une fois, l'Anses demande un cadre réglementaire, notamment pour réduire l'attractivité de leur emballage, qui comporte des dessins de fruits aux couleurs vives, sans aucun système de fermeture. « Afin de prévenir ces accidents, ces produits ne doivent en aucun cas être laissés à la portée des enfants », conclut l'Anses.
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