Une étude publiée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) identifie de potentiels effets indésirables du télétravail sur la santé, la vie sociale et l’activité de travail.
En réponse à une demande de la confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), l’Anses a confié à l’Irset la réalisation d’une revue de la littérature au sujet du télétravail et de ses conséquences sanitaires. Un sujet qui s’est imposé avec son essor depuis la pandémie de Covid. En effet, la part de télétravailleurs est passée de 3 % des salariés en 2017 (enquête Sumer) à 20-25 % en moyenne au cours de la période mars 2020-mars 2021 (Dares). Malgré cette augmentation, l’étude déplore un manque de données à ce sujet, notamment du fait de la variabilité des modalités de télétravail selon les entreprises. De plus, l’Agence ajoute que « les données produites avant ou durant la période Covid ne sont pas représentatives de la situation actuelle ». Certains points ressortent cependant de la revue de littérature.
Troubles du rythme circadien, TCA, fatigue visuelle…
Parmi les effets indésirables, l’étude retrouve les troubles musculo-squelettiques dus à la sédentarité, les postures, ou encore le stress ; les troubles du rythme circadien (sommeil, vigilance…) et des comportements alimentaires (grignotage) ; la fatigue visuelle (stress oculaire et sécheresse) ; l’accidentologie (électrocution, ventilation, chutes…) et les conséquences sur la santé mentale (technostress, stress, présentéisme virtuel…). Des risques également soulevés par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) dans un dossier sur le télétravail publié en 2022, qu’il lie au « mauvais aménagement des postes de travail informatique, à la sédentarité, à l’usage intensif de l’écran et à une organisation du travail non adaptée ».
Le rapport de l’Anses pointe aussi des conséquences sur la vie sociale liée à l’articulation ente la vie professionnelle et personnelle, ainsi que des modifications sur l’activité de travail globalement négatives (plus d’exigences sur la réactivité et la disponibilité, horaires atypiques, dynamiques relationnelles et hiérarchiques, inégalités sociales…). Les chiffres de l’enquête nationale de la Dares de 2021 Tracov montraient d’ailleurs que 14 % des salariés ayant télétravaillé entre le 25 janvier et le 7 mars 2021 avaient connu une dégradation de leurs conditions de travail (contre 9 % pour les non-télétravailleurs). L’enquête montre qu’en télétravail, le temps de travail a augmenté, et que les troubles du sommeil et des douleurs sont plus prévalents.
Nécessité de poursuivre les travaux et de créer un référentiel
En conclusion de son rapport, l’Anses incite à continuer les travaux sur le télétravail et la surveillance épidémiologique, à mettre en place un référentiel à ce sujet et à inclure le télétravail dans les enquêtes nationales. Enfin, l’agence propose une réflexion sur les possibles conséquences de la généralisation du télétravail, positives ou négatives, sur le réchauffement climatique.
Enfin, le texte de loi relatif au télétravail (Article L.1222-9 du Code du travail) énonce que « l’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des travailleurs et protéger leur santé physique et mentale ». À ce titre, l’INRS propose des pistes pour la prévention des risques professionnels : « une formulation par l’employeur de directives claires pour rendre effectives les mesures de sécurité pour les employés qui télétravaillent, l’établissement de politiques et procédures de télétravail favorisant le soutien des télétravailleurs, et la mise à disposition d’un soutien managérial et technique, ainsi qu’un service d’assistance ». L’institut préconise enfin aux salariés d’aménager leur poste de travail à domicile (position, matériel, gestes).
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