L’épidémie de parvovirus B19, qui a débuté il y a près d’un an, se prolonge de manière inhabituelle, avertit Santé publique France (SPF) qui veut sensibiliser les professionnels de santé sur l’incidence toujours élevée. « Son intensité s’est accrue au dernier trimestre 2023 et elle poursuit son ascension en 2024 avec un pic qui n’a pas encore été atteint au mois de mars », rapporte l’agence sanitaire, appelant à la vigilance chez l’enfant immunodéprimé/drépanocytaire et chez la femme enceinte. Cette maladie éruptive habituellement bénigne, le plus souvent asymptomatique ou à l’origine d’un mégalérythème épidémique (« cinquième maladie »), peut néanmoins avoir des conséquences sévères dans certaines populations.
Toutes les catégories d’âge sont concernées et en particulier les enfants. Les incidences sont deux à trois fois supérieures à celles de la dernière saison pré-pandémique, avec par exemple 100 cas chez l’enfant en semaine 11 (avec un taux de positivité chez l’enfant entre 30 et 40 % en mars 2024 comparé à moins de 20 % au cours des saisons précédentes). L’épidémie était observée dans toutes les régions de France, « avec un début et une ampleur variables », lit-on dans le bulletin.
Un nombre de décès peu élevé mais inhabituel
Certains services de périnatalité ont indiqué une augmentation des fausses couches et des morts fœtales en lien avec une infection à parvovirus B19 et le nombre d’infections sévères, notamment chez des enfants drépanocytaires, serait en augmentation, comme cela a été remonté par des urgentistes et réanimateurs. Mais les données n’ont pas pu être encore quantifiées au plan national.
Le nombre de décès liés à l’infection n’est pas élevé (données de CépiDc) mais il est « en augmentation avec déjà cinq décès constatés chez des enfants depuis début 2024 », est-il observé. Un niveau inhabituel alors que ces décès sont survenus chez des enfants de moins d’un an en dehors de tout contexte d’immunodépression ou de comorbidité.
« Les raisons de cette épidémie ne sont pas clairement établies, mais comme d’autres infections virales ou bactériennes, elle pourrait être liée à la levée des mesures sanitaires qui a suivi la pandémie de Covid-19, durant laquelle une dette immunitaire a pu s’installer », explique SPF. Le phénomène s’observe dans d’autres pays européens comme le Danemark, l’Irlande, les Pays-Bas et la Norvège.
Santé publique France appelle les professionnels de santé à la vigilance d’abord en recommandant aux catégories de personnes à risque d’éviter tout contact avec une personne atteinte ou suspectée de l’être. « Dans le contexte épidémique actuel, une diminution des mouvements actifs fœtaux doit conduire à rapidement consulter un service spécialisé », préconise l’agence. Par ailleurs, alors que la rougeole est aussi en recrudescence, tout cas non confirmé par les examens biologiques doit aussi faire évoquer une infection à parvovirus B19.
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