En février dernier, une enquête de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) révélait qu’en 2021 en France un adulte sur six (8,8 millions) et un mineur sur 20 (0,5 million) était proche aidant.
Ce 17 mai, la Drees publie une nouvelle étude, en partenariat avec l'Institut des politiques publiques (IPP) qui s’intéresse cette fois-ci à la typologie de ces proches aidants de personnes vivant à domicile. Mais pour celle-ci la Drees a mobilisé les données de l’enquête Handicap-Santé réalisée en 2008, qui sont à ce jour les plus récentes sur l’ensemble des aidants quel que soit l’âge des personnes aidées. Même si les effectifs ont donc évolué depuis, notamment quantitativement, « cette typologie structurelle vise à servir de grille d’analyse pour les études à venir sur les proches aidants, qu’il s’agisse d’apprécier si les effectifs des groupes ont évolué ou qu’il s’agisse de rassembler des éléments de sources diverses pour analyser l’impact de la situation d’aide sur les conditions de vie et la santé des proches aidants », explique la Drees.
Trois grandes catégories et dix sous-groupes
Cette étude met donc en avant dix groupes de proches aidants répartis en trois grandes catégories et une grande hétérogénéité des situations. Les catégories d’aidants sont déterminées par l’ampleur de la charge ressentie.
La première catégorie est donc celle des proches aidants les plus impactés. Ils représentent 24 % des aidants et sont divisés en quatre sous-catégories.
« Les groupes qui composent cette catégorie ont en commun une implication importante des aidants, du fait que la personne aidée a de nombreuses limitations et que le proche aidant est vraisemblablement l’aidant principal. On retrouve dans ces groupes quasi exclusivement des conjoints, des parents et des enfants », détaille la Drees.
Le premier groupe est constitué de personnes apportant 34 heures ou plus d’aides par semaine. 49 % apportent plus de 11 aides à la vie quotidienne à la personne aidée. Ce sont principalement des conjoints (35 %), des parents (30 %) et des enfants (25 %). Plus des trois quarts (78 %) vivent avec la personne aidée et 67 % sont des femmes.
Le deuxième groupe est constitué de proches apportant de 20 à 34 heures d’aides par semaine.
Le troisième sous-groupe réunit essentiellement des parents qui aident un enfant âgé de moins de 20 ans. 29 % des aidants de ce groupe perçoivent l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH). 80 % des aidants de ce groupe sont des femmes. « Il n’est pas exclu que les parents aient du mal à faire une distinction entre l’aide normale pour un enfant et l’aide liée à son handicap ou son état de santé », précise l’étude.
64 % des aidants de ce groupe sont en emploi et 32 % sont inactifs. Mais il existe des disparités entre les pères et les mères aidants. Seules 23 % des mères aidantes en couple sont en emploi à temps plein, alors que c’est le cas de 83 % des pères aidants en couple.
Le dernier sous-groupe de cette catégorie concerne les aidants impliqués dans l’aide d’une personne ayant de nombreuses limitations. Les aidés sont principalement âgés de 60 ans ou plus (74 %) et deux personnes aidées sur cinq ont 80 ans ou plus. Les aidants sont principalement les enfants de la personne aidée (59 %), le conjoint (24 %) ou les parents (12 %).
La deuxième grande catégorie de proches aidants selon la typologie est qualifiée d’ « aidants moyennement impactés ». Ils représentent 29 % des aidants en France et sont des conjoints et parents de personnes ayant peu de limitations mais seuls pour les aider.
La troisième grande catégorie, composée de cinq sous-groupes, est celle des proches aidants moins impactés. Ils représentent 47 % des aidants. « La plupart des aidants de ces groupes ne cohabitent pas avec les personnes aidées », souligne la Drees.
Les trois premiers sous-groupes sont constitués d’enfants, frères et sœurs moins impactés. Les deux derniers sous-groupes sont des autres membres de la famille ou des membres de l’entourage.
Le lien de parenté impacte la charge ressentie
L’étude analyse également, grâce à une modélisation, le nombre de charges ressenties sur onze possibles (voir graphique).
45 % des proches aidants ne déclarent pas de charge négative, 23 % déclarent une charge négative, tandis que 32 % déclarent deux charges négatives ou plus.
La charge ressentie augmente logiquement en premier lieu avec le nombre d’aides à la vie quotidienne et le volume d’heures d’aide par semaine. Mais elle dépend aussi significativement du lien entre l’aidant et l’aidé : elle est la plus élevée lorsque l’aidant est l’un des parents de la personne aidée, puis lorsqu’il est son conjoint. « Pour ces derniers, il peut être difficile de ne pas faire soi-même le plus possible pour son proche », analyse la Drees.
La charge ressentie est également plus forte quand l’aidant est une femme, quand il apporte une aide financière, quand il doit prendre seul les décisions ou est la personne de confiance. Elle est plus importante s’il existe un aidant professionnel, « compte tenu de la charge que cela représente de devoir organiser son intervention », précise la Drees.
Elle augmente également lorsque le proche aidant est en emploi ou est étudiant, « en raison probablement des difficultés de conciliation que cela peut engendrer ». Elle diminue enfin lorsque l’aidant a la possibilité de se faire remplacer.
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