Plus de 50 sociétés savantes, académies, collèges, syndicats et associations réclament, dans une lettre ouverte datée du 5 février, une extension de la vaccination anti-HPV jusqu’à 26 ans. « Une nécessité pour accélérer l’élimination des cancers liés aux papillomavirus », plaident-ils, quelques jours après une recommandation de l’Académie de médecine en ce sens.
Ces acteurs déplorent « le retard pris par la France depuis 15 ans », malgré les dispositifs déployés ces dernières années pour tenter d’atteindre l’objectif de 80 % de couverture vaccinale d’ici à 2030 : vaccination HPV pour les élèves de 5e, campagnes d’information d’ampleur, élargissement des professionnels autorisés à vacciner (infirmiers, pharmaciens et sages-femmes).
Corriger une « perte de chance »
« Chaque année 250 000 jeunes filles et plus de 350 000 garçons passent le cap des 20 ans et ne pourront plus bénéficier de la vaccination HPV », s’inquiètent les signataires de la lettre. Ils chiffrent le retard cumulé actuel à 4 millions de non-vaccinés chez les 20-26 ans, génération qui n’a bénéficié ni des dispositifs récents, ni de l’extension de la vaccination aux garçons en 2021. L’enjeu est ainsi de corriger une « perte de chance », mais aussi « d’assurer l’équité » des genres et des sexualités, alors que la vaccination est ouverte jusqu’à 26 ans pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH).
Comme l’Académie fin janvier, les signataires soulignent aussi que la généralisation de cette extension laisse aux jeunes concernés une opportunité d’être vaccinés, « sur la base d’une décision individuelle et non plus sur celle de leurs parents ». Là aussi l’enjeu relève de la réduction des inégalités, la couverture vaccinale des jeunes filles vivant dans un milieu socio-économique défavorisé étant « évaluée à moins de 25 % », selon une étude de Santé publique France.
« De très nombreux pays proposent une vaccination en population générale jusqu’à 26 ans », poursuivent les signataires. Et de rappeler les données sur l’efficacité de la vaccination dans cette tranche d’âge : selon une étude menée en Suède, « les femmes vaccinées entre 20 et 30 ans avaient un risque réduit de 62 % de développer un cancer du col de l’utérus en comparaison des femmes non vaccinées. »
Les autorités de santé se saisissent du sujet. La question de l’extension figure dans le programme de travail de la Haute Autorité de santé pour 2024. « Cette vaccination universelle HPV relève d’une nécessité éthique, individuelle et collective », concluent les signataires.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie