À l’occasion de la journée internationale d’action pour la santé des femmes et l’hygiène menstruelle, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) et le Fonds pour la santé des femmes (FSF), avec le soutien de Hologic, veulent briser le tabou autour des troubles des règles. Lors d’une conférence de presse ce 28 mai 2024, au siège de la société savante, les experts ont rappelé l’importance d’encourager les patientes à libérer la parole sur le sujet. « Ménorragies, dysménorrhées, endométriose, précarité menstruelle, situation de handicap, activité sportive de haut niveau… Nombreuses sont les situations où les femmes peuvent être en difficulté du fait de leurs règles », introduit la Pr Nathalie Chabbert-Buffet, membre du CNGOF et présidente du FSF.
Les experts constatent que les patientes font trop peu part à leurs médecins des répercussions négatives de leurs menstruations. Ils déplorent également un manque d’éducation, notamment concernant l’identification des ménorragies qui concerneraient pourtant une femme sur cinq. Résultat : nombreuses sont celles qui ont normalisé la douleur et la gêne provoquées par les règles. « La douleur n’est pas normale et aujourd’hui des solutions existent », martèle la Dr Carole Maître, gynécologue et médecin du sport à l’Insep.
Être proactif en consultation
Pourtant, certains symptômes liés au cycle menstruel, comme les ménorragies, peuvent contraindre de façon conséquente l’organisation personnelle et professionnelle. « De nombreuses patientes me disent prévoir leur agenda personnel, et surtout professionnel, en fonction de leurs règles, en raison de la fatigue, de la gêne et du changement nécessairement fréquent des protections hygiéniques », raconte le Dr David Hamid, gynécologue à Strasbourg.
Or « ces difficultés sont souvent rattachées à des pathologies que nous pouvons diagnostiquer et traiter de façon ciblée », relève le Dr Vincent Villefranque, gynécologue à l’hôpital Simone-Veil (Eaubonne, 95). Les trois experts sont unanimes, une démarche proactive en consultation est bénéfique. « Particulièrement avec les jeunes, les médecins, généralistes comme gynécologues, peuvent aborder le sujet des règles en consultation de routine en s’aidant d’outils », détaillent-ils. Le score de Higham permet ainsi d’évaluer l’existence d’une ménorragie et les Hospices civils de Lyon en ont édité une version très visuelle.
Le Dr Hamid rappelle également qu’en cas de suspicion de troubles des règles, un interrogatoire plus poussé peut être réalisé en consultation, à l’aide éventuellement d’un score, ainsi qu’une analyse sanguine (NFS et ionogramme). Une échographie pelvienne peut être réalisée. L’IRM, l’hystéroscopie et la biopsie sont indiquées dans un second temps avec un spécialiste. « Les causes de ménorragies peuvent être les polypes, les pathologies de l’endomètre, l’adénomyose, les déséquilibres hormonaux, l’origine iatrogénique. Il ne faut pas oublier que les fibromes se rencontrent chez 20 à 30 % des plus de 30 ans, et que 13 % des jeunes peuvent présenter une anomalie de la coagulation », détaille le gynécologue de Strasbourg.
De nouveaux traitements pour les ménorragies
Les experts rappellent enfin que l’arsenal thérapeutique des ménorragies est aujourd’hui bien plus fourni qu’il y a quelques années. Outre les traitements médicamenteux tels que les hormonothérapies (pilules contraceptives, DIU hormonaux, analogues LH-RH), les antifibrinolytiques, les AINS ou encore les traitements spécifiques de la coagulation…, des traitements chirurgicaux existent.
Les Drs Hamid et Villefranque ont évoqué les nouvelles techniques chirurgicales mini-invasives hors bloc aujourd’hui disponibles (thermo-ablation endométriale par radiofréquence, ablation des lésions bégnines par morcellateur), permises par l’évolution des matériels, la standardisation des méthodes d’anesthésie locale et l’évolution des tarifications. Pour eux, « cette simplification du parcours améliore le confort des patientes et réduit la pression sur les équipes chirurgicales ». Le CNGOF a rendu un rapport aux autorités de santé sur la création de salles hors bloc pour démocratiser ces nouvelles approches.
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