En fait, tout a commencé à l’automne dernier. Alors que, jusque-là, les pilules de 3e génération avaient plutôt bonne presse et étaient considérées comme mieux tolérées que leurs aînées, la HAS jette un premier pavé dans la mare en jugeant leur service médical rendu (SMR) insuffisant. En cause, un sur-risque thrombo-embolique veineux doublé par rapport aux pilules plus anciennes (voir encadré), pour une tolérance somme toute équivalente. Suite à cet avis, Marisol Touraine annonce leur déremboursement, mais sans se presser, la date d’effet étant annoncée pour septembre 2013, afin que les femmes puissent choisir avec leur médecin un autre mode de contraception. Et l’ANSM comme la HAS enjoignent les prescripteurs à leur préférer des pilules plus anciennes.
L’affaire aurait pu en rester là si une plainte contre le laboratoire Bayer et l’ANSM n’avait été déposée le
14 décembre par Marion Larat. Handicapée à 65 % depuis un AVC la jeune femme accuse sa pilule de 3e génération. Sa plainte va donner le signal de l’affolement d’autant que quinze jours plus tard, l’un de ses avocats annonce que 30 dossiers supplémentaires seront bientôt déposés en justice : « Ce chiffre devrait augmenter dans les semaines qui viennent », lâche-t-il alors.
Les pouvoirs publics ne seront pas longs à réagir. À peine la trêve des confiseurs terminée, la ministre de la Santé avance de six mois le déremboursement de ces pilules à partir du 31 mars. Tandis que Dominique Maraninchi évoque la possibilité de placer, le cas échéant, ces pilules sous prescription réservée.
Pilules amères pour les généralistes
Même si cette piste n’a pas finalement pas été retenue, la sortie du patron de l’ANSM fait bondir les syndicats de médecins généralistes. « On en a plus qu'assez que les agences d'Etat utilisent la politique du bouc émissaire, pour cacher leur propre incurie et leur absence de réactivité », tonne l’UNOF-CSMF. La FMF dénonce une attaque contre les généralistes, son président regrettant que les pouvoirs publics « proposent dans la panique des fausses solutions en désignant à l'opprobre les généralistes ».
À MG France, enfin, on souligne qu’« il est pour le moins paradoxal d'envisager la prescription réservée de la pilule de 3e génération à certains spécialistes », alors que « les médecins généralistes ont toujours choisi prioritairement les pilules de 2e génération, bien tolérées et remboursées».
Ce que confirme le Dr Christine Regimbart : « Cela faisait déjà partie de mes habitudes de prescrire ces pilules en 2e intention », témoigne cette généraliste du Maine-et-Loire. Et de s’interroger : « Le généraliste n’est-il pas le mieux placé pour évaluer le risque trombo-embolique vu qu’il faut bien connaître les patientes, leur contexte familial et leurs antériorités »
La proposition a aussi fait bondir les gynécologues, le Pr Hédon, président du CNGOF, dénonçant une mesure contre-productive allant dans le sens d’une restriction de l’accès à la contraception.
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