Les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) sont plus à risque d’être infectées par le papillomavirus humain (HPV) et de développer des cancers urogénitaux et de l’anus. Lors de la conférence Aids 2024 qui s’est tenue à Munich du 22 au 26 juillet 2024, trois études présentées concernent la prévalence de l’HPV à haut risque cancérogène (HPV-HR) - c’est-à-dire les virus de type 16, 18, 31, 33, 45, 52 ou 58 - chez les PVVIH et les enjeux de dépistage et de prévention associés.
Le pénis : un réservoir d’HPV à haut risque
Le HPV-HR présent au niveau anogénital peut entraîner des lésions néoplasiques. Une équipe de chercheurs dirigée par le Dr Diego Salusso, investigateur clinique à la Fundación Huésped (Buenos Aires), s’est penchée sur le rôle du pénis comme réservoir potentiel du virus chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et les femmes trans.
Les chercheurs ont pu constater une corrélation entre les infections HPV pénienne et anale. Un tiers des participants et participantes avaient une infection pénienne de HPV-HR leur conférant une fréquence plus élevée d’infection anale. Le rôle du pénis comme réservoir de l’HPV semble se confirmer. Les auteurs recommandent des stratégies de prévention comme la circoncision et la vaccination sans distinction de genre.
Cancer anal : 96 % de sensibilité du test HPV-HR seul
Une deuxième étude, coordonnée par la Dr Yuxin Liu, chercheuse à l’hôpital Mont Sinaï, explore l’efficacité de différentes stratégies de dépistage du cancer anal associé au HPV, suite aux nouvelles recommandations de la Société internationale de néoplasies anales (IANS) qui introduisent de nouvelles modalités de dépistage. Cinq approches ont été comparées : la cytologie anale seule ou avec un triage par test HPV-HR, le test seul ou avec un triage cytologique et le co-testing cytologie et test.
La conclusion ? Toutes les stratégies montrent des performances comparables. L’approche combinant la cytologie et le test HPV-HR, en triage ou en co-testing, s’est révélée la plus pertinente pour détecter un cancer anal ou un précancer chez les PVVIH.
Le test HPV-HR seul a en effet montré la plus forte sensibilité (96 %) et une valeur prédictive négative (c’est-à-dire la probabilité que le test soit un vrai négatif, en fonction de sa spécificité et de la prévalence de la maladie) de 92 %. Le test associé à un triage cytologique a quant à lui démontré la meilleure spécificité (48 %). Cette dernière approche (et sa configuration inverse) a montré la plus haute valeur prédictive positive (probabilité que le test soit un vrai positif), soit 54 %. C’est l’ajout du test HPV-HR à la cytologie qui semble améliorer la spécificité du dépistage.
Persistance du HPV-HR en cas de co-infection HTLV-1
Une autre étude présentée au congrès s’est intéressée aux co-infections chez les femmes vivant avec le VIH (FVVIH). Conduit par James Kang’ethe, chercheur en infectiologie au Kenyatta National Hospital à Nairobi (Kenya), ce travail a porté sur l’incidence, la persistance et la clairance du HPV-HR à travers ses interactions avec un autre virus, le virus lymphotrope T humain (HTLV-1), dans cette population traitée par antirétroviraux.
Chez ces patientes, le papillomavirus avait un taux de persistance de 89,5 %, notamment l’HPV 52 (29,6 %), le 16 (22,4 %) et le 18 (19,1 %). L’analyse statistique a mis en évidence une corrélation entre la persistance du virus et l’âge des femmes : le taux de persistance évolue entre 86,8 % et 13,2 % pour les femmes âgées et jeunes respectivement. Surtout, la co-infection avec HTLV-1 est associée à un taux de persistance du HPV à haut risque de 100 % contre 88,8 % chez les femmes avec une infection à papillomavirus seul. Ces résultats soulignent l’importance de l’implémentation du vaccin HPV nonavalent chez les FVVIH.
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