Il y a deux ans débutait la pandémie de Covid-19 et avec elle des bouleversements. Il y a et aura dans les livres d’histoire manifestement un avant et un après 2020. L’avant, c’était une forme d’insouciance pour certains, un nombrilisme exacerbé pour d’autres et la recherche permanente d’une satisfaction personnelle par le biais d’un accomplissement de soi, d’une soif hédonique de jouir de tous les aspects de la vie voire de l’envie de s’élever au-dessus de la mêlée parfois en prenant appui et écrasant les autres.
Le début de cette pandémie a été comme une forme de deuil de cette « vie d’avant ». Nous avons donc, collectivement, traversé la phase du choc et de la sidération. La vie s’est arrêtée par crainte de la dangerosité du virus et l’absence de traitement disponible, malgré les incantations druidiques marseillaises. Beaucoup de peuples de notre Terre ont perdu leurs repères. Certaines futilités de la « vie d’avant » ont été mises en exergue… Et la nécessaire action des soignants applaudie aux fenêtres à 20 heures.
Puis la phase suivante, celle du déni, a pris place. Finalement, il n’y avait « pas tant de morts que cela » et « les réanimations n’étaient pas si remplies »... Ce virus ne touchait que « les vieux et les faibles », accréditant pour certains la thèse de la sélection naturelle qui prévaudrait pour chaque être vivant depuis la création de la vie. Ceux qui ont contracté le virus et s’en sont sortis indemnes ont gagné en confiance en eux, en leur système immunitaire capable de tout encaisser, contrairement aux faibles, parfois jeunes, qui n’ont su faire face.
Renouer avec l'individualisme ?
Les voix se sont élevées. Parfois dissonantes. Parfois même venant du corps médical, pour signifier que l’énergie déployée à lutter contre cette pandémie était disproportionnée par rapport à son impact réel sur la société. 300 morts par jour en moyenne, l’équivalent d'un avion de ligne qui s’écrase par jour, c’était « le prix à payer » pour retrouver la vie d’avant. Pour renouer avec nos habitudes. Notre égocentrisme et individualisme. Certaines voix ont même commencé à se renforcer contre ces mêmes soignants jadis applaudis. Nous étions donc rentrés dans l’étape du deuil représentée par la colère et le marchandage.
Nos pouvoirs publics, toujours prompts à vouloir aller de l’avant, se sont emparés de cette phase en nous promettant la fin de la pandémie. Le retour à la vie d’avant. Et les scientifiques qui prônaient une juste prudence pour ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué se sont pris des volées de bois vert.
Les phases du deuil ne sont pas linéaires et un retour à l’étape précédente est en principe toujours possible. L’été 2020 est arrivé. L’insouciance retrouvée. Le nombre de nouveaux cas journaliers devenu marginal a fait oublier que le virus n’avait pas dit son dernier mot. Et qu’au lieu de s’accrocher à la vie d’avant, il aurait mieux valu construire raisonnablement celle d’après.
L’automne est arrivé et avec lui une nouvelle vague. Mais plus question de choc désormais. Cette étape du deuil était définitivement franchie. Il est devenu « normal » d’avoir des services hospitaliers pleins, d’avoir l’équivalent de cet avion en moins chaque jour, au nom d’un pari épidémiologique pris par un enfant gâté qui ne supportait pas qu’on puisse aller contre sa volonté. Et avec les remerciements de la population, tant qu’à côté de cela il nous était possible de continuer à vivre comme avant.
D’allers-retours entre l’étape de marchandage et l’étape de déni, d’avis d’une société savante de pédiatrie niant le rôle de nos chères têtes blondes dans la propagation de ce virus, en ras-le-bol légitime de nos concitoyens, nous sommes désormais arrivés à la cinquième vague. Et les pouvoirs publics de marchander une énième sortie de crise prématurée, faisant une nouvelle fois fi des incitations à la prudence, qui ignorent, certes, les échéances électorales. L’étape de reconstruction paraît bien lointaine…
« Couvrez cette pandémie que nous ne saurions voir. Par de pareils objets les âmes sont blessées et cela fait venir de coupables pensées » se serait peut-être plu à écrire Molière s’il était notre contemporain…
Exergue : Au lieu de s’accrocher à la vie d’avant, il aurait mieux valu construire raisonnablement celle d’après
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