Améliorer les parcours de patients atteints de cancer, la couverture vaccinale des demandeurs d'asile ou le soin des plaies complexes de diabétiques… La diversité des projets qui prétendent au nouveau financement ouvert par l'article 51 du dernier budget de la Sécu montre l'intérêt des professionnels du secteur sanitaire et médico-social pour ce nouveau dispositif.
Présenté lors d'une matinée ad hoc organisée par le groupe Observia et Nile consulting, l'article 51 ouvre à un large public (médecins libéraux, hospitaliers, établissements, complémentaires santé, collectivités territoriales, etc.) la possibilité de donner naissance à des modèles de prises en charge qui dérogent aux règles actuelles de tarification et aux organisations existantes.
L'enjeu : développer les nouveaux parcours de santé, la prise en charge de séquence de soins ou les forfaits rémunérant la pertinence, entre autres. Les candidats peuvent répondre à un appel à projet de l'agence régionale de santé (ARS) ou présenter leur propre initiative. 30 millions d'euros sont sur la table en 2018.
Laurent Vincent, directeur chez Bien être Assistance (groupe Europ Assistance) veut profiter de l'occasion. Il espère ainsi financer une nouvelle plateforme de coordination afin de fluidifier le parcours des patients qui suivent une chimiothérapie à domicile. Cette plateforme permettrait d'améliorer l'observance en chimiothérapie orale mais aussi la gestion des effets indésirables. « L'absence de coordination est préjudiciable à la prise en charge du patient, en raison de sa perception d'isolement », indique Laurent Vincent.
Le Dr Olivier Krys, médecin gériatre et directeur médical de Sharecare (une appli santé américaine) en France, a defendu de son côté son poulain Frailcoach. Cette plateforme propose de dépister les personnes âgées fragiles, par téléphone, via des entretiens infirmiers, et de les accompagner ensuite de façon personnalisée. « À ce jour il n'existe pas de programme de santé à grande échelle pour identifier et aider ces personnes à réduire leurs fragilités », souligne le Dr Krys, qui entend aussi pallier « le manque d'expertise gériatrique » par rapport au nombre grandissant de personnes âgées à prendre en charge. Celles-ci seraient si besoin orientées vers l'offre locale de soins (MAIA, consultations mémoire).
Plaies complexes et vaccination
Chirurgien vasculaire réunionnais, Le Dr Reuben Veerapen est l'un des porteurs du projet de télémédecine Gécoplaie. Cette application entend améliorer la prise en charge ambulatoire à la Réunion des personnes atteintes de plaies chroniques complexes après un diabète. L'infirmier libéral qui se trouve face à une plaie sérieuse la prend en photo et l'envoie, avec des éléments d'informations, via l'appli, au médecin traitant.
L'appli trouvera « toute son utilité » à la Réunion, où le taux de personnes diabétiques est 3,5 fois supérieur à celui de la métropole. 250 amputations liées au diabète sont pratiquées chaque année, selon le Dr Veerapen. L'application pourrait permettre de réduire de moitié cette statistique, mais aussi les coûts de transport et le temps de cicatrisation. Financée jusque-là par l'URPS et l'ARS, l'appli est déjà fonctionnelle.
Enfin, deux projets répondent à des enjeux de santé publique. Porté par le Dr Denis Serruques, médecin anesthésiste et coordonnateur de la vaccination dans le Val-de-Marne, le premier vise à améliorer la couverture vaccinale des demandeurs d'asile, en collaboration avec les structures de France terre d'asile. Parmi les bénéfices visés : réduire les pathologies infectieuses (grippe, gale) au sein de cette population.
Nommé Pégase, le second projet est défendu par le Dr Daniel Rousseau, pédopsychiatre libéral à Angers. Il s'attache à suivre l'état de santé de quelque mille enfants placés dans vingt pouponnières (service de garde jour et nuit) volontaires de l'aide sociale à l'enfance (ASE) jusqu'à leur cinq ans. Outre un suivi actif de la santé de ces enfants, cela permettrait de sécuriser leur dossier médical, souvent décousu, mais aussi d'avoir des données scientifiques sur ces structures. « Il y a une nécessité clinique et sanitaire », conclut le Dr Rousseau.
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