Avec plus de 500 heures de vidéos postées chaque minute sur sa plateforme, YouTube a vu son audience bondir de 25 % pendant la pandémie et affiche sa volonté de renforcer la lutte contre la désinformation médicale. Entre 2020 et début 2021, la plateforme du géant Google aurait supprimé plus d’un million de vidéos – et plus de 250 000 directement liées au vaccin Covid jusqu'à aujourd'hui.
Pour aller un cran plus loin, depuis le 4 octobre, YouTube a décidé de « labelliser » certaines de ses vidéos pour permettre aux internautes de repérer les sources médicales « fiables ».
Cancer, diabète, vaccin…: priorité aux sources fiables
Concrètement, l'utilisateur qui tapera dans la barre de recherche les thèmes médicaux les plus récurrents – comme cancer, diabète, boulimie, vaccin, dépression, arthrose… – se verra proposer en priorité des sources fiables. « En travaillant avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), nous avons fait émerger quatre grandes catégories d’éditeurs de contenu fiable : les établissements de santé, les universités, les services de santé publique et les organismes publics », résume au « Quotidien » Charles Savreux, responsable de la communication chez YouTube France.
De l’Assurance-maladie à l’AP-HP en passant par le CHU de Lille, l’Institut Curie ou le ministère de la Santé, « tous les utilisateurs pourront savoir très rapidement de quel type de source il s'agit », assure Charles Savreux. Il précise toutefois que, malgré la mise en avant de ces vidéos officielles, « nous n’empêchons personne de regarder d’autre type de contenus ». Aussi, sur chaque vidéo considérée comme fiable, un « panneau d’information » sera affiché avec la mention « publiée par une structure de soins approuvée par le ministère de la Santé ». L'objectif est d'aider les internautes à identifier les contenus provenant de sources faisant autorité.
Toucher un public différent ?
La fonctionnalité a déjà été lancée sur la version américaine de Youtube en juillet 2021, puis en Grande-Bretagne et en Inde. En France, « plusieurs centaines » de chaînes sont déjà identifiées.
Dans ce contexte, l'AP-HP a annoncé ce mercredi la signature d'un partenariat avec YouTube. Cancer colorectal, endométriose, kyste ovarien, troubles psychiatriques, intoxications alimentaires ou médicamenteuses : le CHU francilien s'engage à produire de courtes vidéos labellisées par la plateforme. Ces pastilles « seront disponibles deux fois par mois en exclusivité sur la chaîne YouTube de l’AP-HP à partir du mois d’octobre », indique le CHU. « L’objectif est que les organismes de santé, les hôpitaux, puissent toucher un public peu consommateur de médias traditionnels, imagine Charles Savreux. L’information viendra directement des professionnels de santé ».
« Toujours se baser sur le consensus scientifique »
Chaque établissement ou institut de recherche serait-il forcément fiable ? Non, admet Youtube, qui assure vouloir « toujours se baser sur le consensus scientifique », grâce à l'aide de ses modérateurs. Charles Savreux prend l’exemple de l’IHU de Marseille et de la communication de son ex-directeur Didier Raoult. « La chaîne de l’Institut partageait des contenus erronés, elle aurait pourtant pu potentiellement être éligible, mais elle a été exclue automatiquement » du label, affirme-t-il. La chaîne a par ailleurs reçu des mises en garde de YouTube pour non-respect des conditions d’utilisation.
Depuis le début de la pandémie, dix mises à jour du règlement de la plateforme de vidéos ont été éditées, rien que sur le volet santé. Charles Savreux concède que la tâche reste très délicate, notamment « pour savoir où commence la désinformation et où s’arrête la liberté d’expression ». « Pour certains sujets, comme l’homéopathie, ce n’est pas à YouTube de trancher le débat », évacue-t-il.
Chaînes supprimées
Ces derniers mois, la plateforme a déjà dû supprimer plusieurs chaînes véhiculant des fake news médicales : celle de « France Soir » par exemple, du conspirationniste antivax belge Jean-Jacques Crèvecoeur ou encore de Thana TV, la chaîne YouTube des producteurs du film complotiste Hold Up. « On continue à serrer la vis, martèle Charles Savreux. Pour chaque vidéo, la réflexion est menée avec beaucoup de minutie ». Il certifie que les équipes de YouTube « se concentrent toujours sur le continu de la vidéo, et non sur le passé médiatique ou juridique de celui qui la poste ».
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