Le DMP version 2 n'est pas encore sorti des cartons de l'assurance-maladie que de nouveaux acteurs prennent leurs marques sur le secteur. Profitant du vide laissé par le DMP, ils se positionnent sur ce marché qui promet d'être lucratif, tant les besoins de rationalisation et de coordination des soins rendent les dossiers patients incontournables. Petit tour d'horizon, évidemment non exhaustif, des initiatives en présence.
Une entreprise privée, Honestica, fourbit ses armes depuis environ un an avec un projet ambitieux permettant à la fois l'échange de documents dématérialisés, mais aussi en proposant un dossier patient et une messagerie instantanée entre les professionnels de santé. Cette plateforme de gestion des données de santé devrait voir le jour en juin et s'adresser aux médecins libéraux et aux établissements de santé.
Philippe Douste-Blazy, ancien ministre de la Santé et auteur en 2004 de la réforme de l'assurance-maladie qui créa le DMP, fait partie de l'équipe dirigeante d'Honestica. « Il nous est notamment précieux pour son expertise du monde de la santé », affirme son directeur général Franck Le Ouay.
Un objectif, faciliter le partage des données
L'entreprise ambitionne de répondre à une problématique en apparence simple : comment améliorer les relations entre la ville et l'hôpital, et mettre du lien entre les praticiens en général ? Honestica, dont l'outil, toujours en phase de développement, a pour nom Lifen, fonctionne sur trois niveaux.
Tout d'abord, cet outil permet l'échange dématérialisé d'informations entre les praticiens, qu'ils soient en ville ou à l'hôpital (sauf de l'imagerie lourde) de façon cryptée. Il propose un dossier patient, stocké chez un hébergeur agréé. Quand un praticien reçoit un document, le système est capable de reconnaître à quel dossier patient il correspond, et propose sa création si celui-ci n'existe pas encore.
Enfin, au 3e niveau, on trouve une messagerie médecin-médecin. « Nous utilisons la messagerie MS-Santé, développée par l'ASIP-Santé et l'Ordre des médecins, à laquelle nous appliquons une surcouche », précise Thomas Duval, directeur du développement. Cet aménagement permet, selon lui, d'obtenir une messagerie plus ergonomique, plus « user-friendly », dans laquelle l'aspect technologique disparaît au profit de la convivialité et le fait ressembler à « un chat de Facebook ».
Les dirigeants d'Honestica ne voient pas le DMP de l'assurance-maladie comme un concurrent, bien au contraire. « Nous prônons l’interopérabilité des systèmes, assure Franck Le Ouay. Nous avons l'intention de nous rendre compatible avec le DMP et de contribuer ainsi à son déploiement. »
Une clé USB détenue par le patient
D'autres entreprises tentent aussi d'occuper le terrain. Parmi elles, Infocament, qui a opté pour une tout autre solution technique, en stockant les informations du dossier patient non chez un hébergeur mais sur une clé USB. Détail intéressant, cette clé USB fonctionne sur n'importe quel ordinateur car elle embarque tous les logiciels de lecture et d'enregistrement nécessaires.
« Les données étant stockées sur un support externe, elles sont disponibles à tout moment, même sans réseau internet ou sans téléphone », explique Sylvain Hochberg, gérant de la société Cira qui a conçu Infocament. Par ailleurs, au cas où la clé USB serait « breakée », seules les données d'un patient seraient piratées, et non celles de millions de patients, comme ça a été le cas récemment aux USA, ajoute-t-il.
Le marché français, avec à peine 400 000 exemplaires commercialisés, notamment à des EHPAD, n'est pas le principal débouché d'Infocament. Sous le nom de « InfoPEHR », le dispositif est vendu aux USA au deuxième réseau d'oncologie (21 st Century Oncology) et au principal HMO (health maintenance organization), une structure de soins rassemblant près de 18 millions de patients. Infocament est vendu en France au prix de 70 euros. À entendre son concepteur, ce dispositif médical autonome détenu par le patient a de beaux jours devant lui, notamment pour les personnes âgées, ou les voyageurs, qui craignent de ne pouvoir accéder à leur dossier dans certains pays.
Les antécédents médicaux grâce au scan d'un bracelet
Autre initiative sur le marché, MyMDband, qui se veut tout à la fois un dossier patient et un dispositif de géolocalisation. « MyMDband est essentiellement conçu pour les situations d'urgence », précise John Guez, de la société R3A Digital, qui commercialise en France le dispositif d'origine américaine. Il s'agit d'un bracelet comportant une plaque métallique où est gravé un « QR code ». En scannant ce code avec un smartphone, puis en tapant un code PIN figurant au dos de la plaque, le médecin a accès au dossier médical du détenteur du bracelet. Dans le même temps, les proches de ce dernier sont avertis que le QR code a été scanné, et le détenteur est géolocalisé. Ainsi, en cas d'urgence, une équipe de soins peut avoir accès au dossier du patient, même si ce dernier n'est plus en état de communiquer.
Les informations médicales peuvent être mises à jour par le patient lui-même ou son médecin traitant depuis un site Internet sécurisé. Le dossier contient toutes les informations nécessaires (maladies, affections, allergies, antécédents, vaccins, prescriptions en cours). Il peut aussi inclure des ECG et des radios. MyMDband est commercialisé en France depuis le début de l'année au prix de 48 euros par an. Il existe aussi aux USA, au Canada, en Angleterre, en Espagne, en Allemagne et en Israël.
Les éditeurs de logiciels métier ne sont pas en reste. Des logiciels comme Mediclick de Cegedim, mais aussi Medistory de Prokov Editions, ou encore HelloDoc de Imagine Editions, vont maintenant automatiquement rechercher l'historique des remboursements d'un patient sur le site de l'assurance-maladie, et le couplent au dossier patient du médecin, pour le compléter.
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