Beaucoup de praticiens parlent de la médecine comme d’une flamme qui les anime depuis le berceau, ou comme une tradition familiale. Ce n’est pas le cas du Dr Cécile Monteil, qui a commencé sa P1 presque par hasard. En 2002, quatre ans après s’être installée à San Francisco avec son père, la jeune fille de 18 ans retournait en France avec la ferme intention de faire de la recherche en biologie. « On m’avait dit que la médecine m’ouvrirait plus de portes dans la recherche, j’ai donc entrepris mes études sans me poser trop de questions ». Au début de l’internat, elle se découvre cependant une passion pour l’activité clinique et la relation avec le patient. « On ne peut pas savoir ce que l’on aime tant que l’on n’a pas essayé », sourit-elle dix ans plus tard. Aujourd’hui, 50 % de son activité relève de la clinique ; l’autre moitié est consacrée à la recherche et au développement d’applications mobiles, pour la transmission de données de santé lors d’essais cliniques, au sein de la start-up Ad Scientiam, fondée en novembre 2013. L’envie de faire de la recherche ne s’est donc pas émoussée...
L’avenir est aux données connectées
Saisir les opportunités sans le moindre complexe fait partie des habitudes de cette jolie jeune femme, ancienne Miss Midi-Pyrénées. Quand elle entrevoit la possibilité de rejoindre l’aventure Ad Scientiam, en mars 2014, elle n’hésite pas une seconde. « C’est quelqu’un de jeune, dynamique, grâce à qui nous avons pu tisser des liens avec des équipes médicales, explique Liouma Tokitsu, un des fondateurs d’Ad Scientiam. Nous avions besoin de ce genre de médecin disposant d’une culture très large ». À la poubelle les recueils de données via des questionnaires poussiéreux trop rétrospectifs pour être honnêtes : l’avenir est aux données connectées, qui renseignent précisément, heure par heure, sur les fonctions vitales et le mode de vie des patients. « Si un patient souffre de nausées, prend un médicament et le signale à notre application, le programme peut venir lui demander une heure plus tard si le traitement à fait effet », donne en guise d’exemple le Dr Monteil, « nous pouvons aussi savoir quelle quantité d’efforts il fait, et quel impact a la maladie sur ses activités quotidiennes. »
La réalité du patient
Plusieurs études ont déjà été menées à l’aide des applications d’Ad Scientiam, notamment une analyse de la qualité de vie de patients parkinsoniens, une population âgée réputée imperméable à la technologie, et qui a pourtant été facilement conquise – preuve que les nouvelles technologies en santé peuvent aider n’importe qui, pour peu que leur conception soit bien pensée. C’est une des raisons pour laquelle le Dr Monteil n’abandonnerait la médecine pour rien au monde. « Beaucoup de boîtes se lancent dans les technologies connectées en santé puis disparaissent, car elles ont des difficultés à comprendre la réalité et la complexité de la relation médecin-malade », explique-t-elle.
Comme si cette double vie ne lui suffisait pas, le Dr Monteil a monté une association, Eppocrate, dont le but est d’éveiller les médecins aux nouvelles technologies et à la santé connectée via un groupe Facebook. Et comme il devait lui rester du temps à perdre entre 23 h 30 et 00 h 15, le Dr Monteil coach également des étudiants de Master 2 ; et siège au conseil du numérique de l’AP-HP, mis en place par Martin Hirsch en début d’année. Prend-elle des vacances ? « Cela m’arrive aussi, mais quand je vais chez mes parents, dans le Gers, j’en profite pour remplacer des médecins généralistes. » Infatigable, on vous dit.
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