Il fut annoncé pour le 1er juillet 2007.
Puis enterré, relancé, de nouveau remisé… Dix ans plus tard, le dossier médical partagé (DMP) n'est pas opérationnel en France. L'assurance-maladie le promet pour fin 2018. Des atermoiements qui intriguent l'une de nos proches voisines : la Belgique. Le partage des données de santé y est effectif depuis près de cinq ans.
Pour y parvenir, la Belgique a misé, structure fédérale oblige, sur la décentralisation. Sont ainsi nés trois réseaux, pour chacune des trois grandes régions : Bruxelles, Wallonie, et Flandres. Chacun dispose de son propre « coffre fort » de données, qui communiquent avec les autres via un service fédéral.
« Cette décentralisation donne confiance aux patients. Ils savent qui gère leurs données [non anonymisées, NDLR] et sont assurés que celles-ci ne sont pas versées dans un pot commun où chacun piocherait sans contrôle », souligne Cécile Rochus, administratrice d'Abrumet, la structure associative qui pilote le Réseau santé bruxellois (RSB).
Le RSB compte plus de 540 000 inscrits depuis son ouverture en mai 2013, le réseau flamand 6,3 millions, et le wallon plus d'un million. C'est donc, au total, 72 % de la population belge qui a rejoint, volontairement, le dispositif.
Sollicité par son généraliste, le patient donne son accord à la création d'un dossier santé partagé, rendu accessible par voie électronique, 24 heures sur 24, aux prestataires de soins dans tout le pays (hôpitaux publics et privés, généralistes et spécialistes). Sous certaines conditions : une relation thérapeutique avérée et un consentement, donné une fois pour toutes mais révocable à tout moment par le patient. Celui-ci dispose d'un accès à ses données ; il choisit celles qu'il partage, et peut restreindre l'accès à un praticien en particulier.
Accès aux antécédents
En région bruxelloise, 8 400 médecins intra et extrahospitaliers s'y sont inscrits, dont près de 2 000 généralistes. Ils ont accès à cinq types de documents : le dossier santé électronique résumé (SumEHR), tenu par le médecin généraliste ; les rapports d'hospitalisation, de consultation, de radio et de labo des hôpitaux. Ils ne s'en privent pas. En octobre 2017, le RSB a comptabilisé 50 000 consultations ; 67 % par des généralistes et 33 % par les hôpitaux.
Inscrit depuis six ans, le Dr Didier Piquard, généraliste à Bruxelles Centre, est séduit. « C'est très utile avec les nouveaux patients. En quelques clics, j'ai tous les antécédents, protocoles de radio, rapports d'hospitalisation, de biologie clinique, etc. » L'intérêt est aussi économique : « Le RSB est un formidable outil de prévention quaternaire » (soins palliatifs), souligne-t-il.
« Dans notre maison médicale, il y a eu, au début, des réticences des médecins quant à la confidentialité », témoigne le Dr Karin Verbist, généraliste à Forest, quartier sud de Bruxelles. « Par exemple, pour un patient atteint du VIH ou de soucis psys : doit-on le publier dans le système ? Finalement, c'est en dialoguant avec les patients qu'on décide, ensemble, des infos qu'il est utile de partager pour leur prise en charge future. Et aujourd'hui, nous l'utilisons quotidiennement. »
Reste une contrainte : la prise en main technique. Cécile Rochus concède que trop de généralistes dédaignent l'outil par manque de temps ou de volonté. La Sécu belge accorde pourtant une prime annuelle aux médecins qui s'informatisent, et le partage des données est l'un des critères. « L'informatique est chronophage », reconnaît le Dr Piquard, qui préconise donc la simplicité : « J'ai délégué à un prestataire l'installation du logiciel. C'est un gain de temps et un investissement très pertinent ».
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