L'exécutif renoue le dialogue avec les hospitaliers

La FHF et les conférences louent le pragmatisme d'Agnès Buzyn

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Publié le 19/06/2017
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BUZYN VALLETOUX

BUZYN VALLETOUX
Crédit photo : DR

Après les médecins libéraux (le « Quotidien » du 15 juin), c'est au tour des responsables hospitaliers d'être plutôt séduits par les premiers pas du Pr Agnès Buzyn. 

La nouvelle ministre de la Santé a rencontré la Fédération hospitalière de France (FHF) et les conférences de présidents de CME et de directeurs hospitaliers, la semaine dernière. Ce premier entretien « assez long » s'est passé dans un climat « très cordial » apprécié par Frédéric Valletoux, désireux de tourner la page Touraine. « On a senti une femme très à l'écoute, qui a beaucoup insisté sur la nécessité de construire un dialogue par des rencontres régulières, soit l'opposé des relations que nous avions avec la précédente ministre », se réjouit le président de la FHF.

Le profil hospitalier d'Agnès Buzyn, hématologue PU-PH, ancienne présidente de l'Institut national du cancer puis de la Haute autorité de santé (HAS) joue en sa faveur. Sa connaissance du monde hospitalier et surtout son « pragmatisme » rassurent le secteur. « Son expérience médicale et professionnelle lui apporte une vraie vision sur le soin, qu'elle ne veut pas technocratiser », analyse le Pr Michel Claudon, à la tête de la conférence des présidents de CME de CHU, qui loue une femme « mesurée mais efficace »

Lutte contre les déserts et santé mentale 

Contrairement à son prédécesseur, le Pr Buzyn n'a pas dévoilé sa feuille de route en mai lors du grand salon hospitalier de la Paris Healhcare Week, principalement pour des raisons de calendrier (sa nomination a eu lieu le lendemain même de l'ouverture). 

Un mois plus tard, son plan d'action n'est « pas totalement calé », admet Frédéric Valletoux, qui n'en fait pas une affaire d'État. Les grandes lignes ont été tracées aux hospitaliers. Première priorité de la ministre : la lutte contre les déserts médicaux et l'amélioration géographique et financière de l'accès aux soins, « non pas avec une solution miracle mais en privilégiant une démarche territoriale », précise Frédéric Valletoux. La santé mentale est le second sujet hospitalier d'importance pour Ségur. 

Sur la méthode, Agnès Buzyn se démarque de Marisol Touraine sur plusieurs points. Pas de grande loi ni de concertation nationale interminable au programme. La nouvelle ministre privilégie l'évaluation et l'expérimentation de terrain. « Elle souhaite tester, par territoire ou par pathologie, comment inclure la pertinence des actes dans le financement des établissements, ce qui nous convient parfaitement », souligne le président de la FHF. L'idée est aussi d'apporter de la « simplification » dans la construction des politiques publiques de santé, quitte à dépoussiérer l’existant (programme MAIA ou PAERPA dans le champ de l'autonomie).

SOS sur le financement des EHPAD 

Les hospitaliers ont profité de l'occasion pour évoquer la problématique du financement des 3 300 EHPAD publics. Selon la FHF, la réforme de la tarification adoptée par le précédent gouvernement a entraîné une baisse de 200 millions d'euros de l'enveloppe ad hoc annuelle. Yann Bubien, ancien patron du CHU d'Angers et nouveau directeur adjoint du cabinet d'Agnès Buzyn, devrait mener une réunion technique sur le sujet dans les prochains jours.

Les médecins de CHU ont réclamé une sanctuarisation de l'enveloppe sur la recherche. À ce stade, la télémédecine (un axe stratégique pour la FHF qui veut faire partie des prochaines négociations conventionnelles sur le financement), l'attractivité des carrières médicales et la tarification hospitalière, autres dossiers majeurs pour le secteur, n'ont été qu'effleurés. Frédéric Valletoux prône la patience : « Nous ne sommes pas rentrés dans le détail des choses. C'est encore trop tôt ». 

 

Anne Bayle-Iniguez

Source : Le Quotidien du médecin: 9590