Si de nombreuses technologies numériques de santé sont aujourd’hui arrivées à maturité, leur adoption nécessite encore une évolution des mentalités. « Le défi n’est plus technologique, mais sociétal et culturel, voire organisationnel pour les professionnels de santé » analyse le Dr Jacques Lucas, vice-président de l'Ordre (CNOM) et délégué général au numérique. Un constat largement partagé par les participants des 9es assises des technologies numériques de santé.
L'urgence est pourtant réelle. « Si nous n’avançons pas sur des sujets comme le dossier médical partagé (DMP), les usages se développeront hors des clous. On se retrouvera avec des ordonnances sur des portables sans aucun moyen d’en vérifier l’authenticité » alerte Isabelle Adenot, membre du collège de la Haute autorité de santé (HAS) et présidente de la commission nationale d’évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé.
Des a priori sur la téléconsultation
Le manque de formation et certains blocages culturels contribuent au retard français dans l'appropriation des nouvelles technologies de santé. « Il reste beaucoup d’a priori sur la consultation à distance alors que sa logique n’est pas celle d’une substitution mais plutôt d’une complémentarité à la consultation classique » souligne Nicolas Wolikow, cofondateur de Qare, qui propose un site de consultation médicale en vidéo.
L'enjeu relève aussi du nécessaire dialogue entre professionnels, jusqu'ici habitués à fonctionner en silo, à l’opposé de la logique collaborative dans l'ADN des technologies numériques. « On se heurte à de trop nombreuses portes fermées, non seulement celles des médecins mais aussi celles des services informatiques. Alors que les besoins sont criants et que les compétences sont là, on a des difficultés à mettre en place des expérimentations » a pu constater le Dr Charles Journé, radiologue et président de l'éditeur de solutions numériques Deeplink Medical.
Un autre enjeu relève de la standardisation des données à l’heure de la multiplication des dispositifs et des acteurs. « C’est une problématique essentielle pour la communication entre médecins, mais aussi, à terme, pour l’interopérabilité » souligne le Pr Olivier Cussenot, chef du service d’urologie de Tenon (AP-HP).
Des questions juridiques en suspens
Ce décloisonnement entre professionnels s’avère également indispensable sur les questions juridiques. « Les juristes sont trop souvent sollicités en bout de course, déplore Joanna Peltzman, avocate à la cour, cabinet DS Avocats. « Le code de la santé publique contient peu de chose relatives à l’innovation. Mais le droit ayant horreur du vide, ce sont aujourd’hui les citoyens qui font avancer ces problématiques par les contentieux qu’ils engagent. Or, dans l’intelligence artificielle, ce sont bien les médecins qui seront responsables en cas de défaillance des robots. »
Conclusion : les professionnels ont tout intérêt à s'impliquer s’ils souhaitent que les promesses des technologies numériques de santé ne se réalisent pas à leur détriment.
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