Autorisée au printemps 2020 lors de la première vague épidémique, l'activité de télésoin par plusieurs professions paramédicales devrait être gravée dans le marbre avant la fin de l'année. Des négociations sont prévues entre l'assurance-maladie et les syndicats d'infirmiers, de masseurs-kinésithérapeutes et d'orthophonistes à partir de novembre afin de cadrer cette pratique et la pérenniser.
Nouveaux actes
Comme pour la télémédecine, dont le déploiement s'est fortement accéléré ces derniers mois, l'heure est au premier bilan du télésoin. Contactées par « Le Quotidien », les fédérations représentatives des kinés et des orthophonistes sont satisfaites des premiers mois. Pour chacune de ces professions, 14 actes sont autorisés par vidéotransmission depuis le printemps. Si l'assurance-maladie n'est pas en mesure de préciser le nombre précis de facturations en télésoin (faute de codes identifiés), les professionnels concernés ont le sentiment de s'être très saisis de cette opportunité, comme l'illustre une enquête de la Fédération nationale des orthophonistes (FNO). Même constat chez les kinés. « Une grande partie d'entre eux ont essayé et en sont satisfaits. Certains l'intègrent dans leur quotidien », assure même Thomas Prat, secrétaire général à la vie conventionnelle de la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR).
Fort de ces retours, les deux professions aspirent à transformer l'essai avec de nouveaux actes de télésoin. Les kinés sont favorables à l'intégration de la rééducation neurologique, pédiatrique ou uro-gynécologique. Les orthophonistes réclament l'ajout dans le télésoin de la déglutition primaire. Les deux professions souhaitent la création de lettres clés spécifiques afin de différencier les actes à distance et en présentiel.
Frustration
Chez les infirmiers libéraux, le télésoin, qui consiste à surveiller à distance (par vidéo ou téléphone) l'évolution de l'état de santé d'un patient atteint ou suspect d'infection au coronavirus, n'a guère trouvé sa place pendant la première vague. Selon l'assurance-maladie, 7 500 actes avaient été facturés au plus haut de la première crise début mai (avant de tomber entre 800 et 1 200 actes par semaine). Pour la Fédération nationale des infirmiers (FNI), ce premier bilan est décevant. « Il y a eu peu de prescriptions par le médecin, regrette Daniel Guillerm, président de la FNI. D'où une frustration sur le terrain. » Dans le cadre des négociations avec la CNAM, les infirmiers plaident pour élargir le télésuivi à d'autres pathologies comme le diabète de type 2.
Quant aux pharmaciens d'officine, autorisés depuis mi-mai à réaliser par vidéotransmission quatre actes de télésoin (accompagnement de patients traités par anticoagulants oraux directs ou par antivitamines K, de patients sous antiasthmatiques par corticoïdes inhalés, ainsi que des bilans partagés de médication), l'usage est difficile à évaluer en pleine crise sanitaire. « Avant de déclencher le télésoin, le pharmacien doit voir une première fois le patient à l'officine, ce n’est pas l'idéal. Toutefois l'activité est utile pour l'accompagnement. Nous aimerions l'élargir aux anticancéreux oraux », confie Gilles Bonnefond, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO). Le manque de pédagogie est clairement regretté. Pour Rachel Cambonie, directrice de l'URPS pharmaciens d'Auvergne-Rhône-Alpes, « il aurait fallu commencer avec quelque chose de plus simple comme l'utilisation de la visio pour accompagner un patient qui reçoit ses médicaments à domicile. »
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