Main dans la main, mathématiciens et urgentistes vont plancher ensemble pour tenter d’optimiser les flux de patients aux urgences. En partenariat avec l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) et l’Inria, le projet de recherche, baptisé « Urge » a été sélectionné cet automne par le Bernoulli Lab pour « analyser le parcours du patient aux urgences et optimiser sa prise en charge », résume le Pr Youri Yordanov, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital Necker-Enfants malades, copilote du projet.
Avec 28 millions de passages dans les 700 structures d’urgences chaque année, la France fait partie des pays d'Europe avec le taux de recours à ces services le plus élevés. Conséquence : « les urgences n’arrivent pas à répondre à la demande et sont donc dans l’incapacité de prodiguer des soins de qualité dans un délai raisonnable », regrette Youri Yordanov. Un phénomène surnommé « overcrowding », qui aboutit à une augmentation de la mortalité mais aussi à l’épuisement professionnel des équipes.
Si des stratégies de tri à l’accueil ont été mises en place depuis plusieurs décennies dans les hôpitaux, « ce ne sont que techniques empiriques, jamais basées sur la preuve », analyse le Pr Yordanov. L’idée du projet Urge est donc de « simuler numériquement le flux de patients pour tester différentes organisations des services », précise-t-il.
La première étape du projet va constituer à modéliser mathématiquement le fonctionnement des urgences, en se basant sur des données franciliennes issues de l’entrepôt de données de l’AP-HP. « La modélisation va prendre en compte le plus de déterminants possibles : le nombre de médecins, d’internes, d’infirmières dans le service, le nombre de box ou de lits, le temps d’attente et de traitement, le parcours patient… », résume Xavier Allamigeon, chercheur à l’Inria et à l’École polytechnique.
Outil de simulation
Seconde étape : développer un outil de simulation « pour rejouer le fonctionnement des urgences sur ordinateur », poursuit le chercheur, en étudiant notamment les mécanismes de priorisation des patients. Le tout en mettant en évidence les indicateurs corrélés « aux phases de congestions du système ». Enfin, l’équipe de recherche va évaluer l’impact des différentes méthodes de tri sur la simulation. « Notre hypothèse de départ, c’est que l’étape de tri aux urgences n’est clairement pas optimisée, avance Youri Yordanov. La simulation permettra de savoir si une méthode de tri plutôt qu’une autre permet d’améliorer le devenir des patients ».
Les porteurs du projet de recherche, financé pour quatre ans, espèrent faire émerger un « nouveau standard de référence aux d’urgences, pourquoi pas généralisable à tous les services », imagine Youri Yordanov. « Nous sommes bien conscients que le problème des urgences ne se réduit pas à des algorithmes, tempère Jean-Frédéric Gerbeau, directeur général à la science de l’Inria. Mais mon souhait le plus cher est que cela ait un réel impact ».
Directrice adjointe de l’AP-HP, la Pr Catherine Paugam-Burtz anticipe en tout cas déjà « que le projet aura un impact sur l’organisation à l’AP-HP », car la gestion du flux de patients est le nerf de la guerre « depuis très longtemps ».
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