Cet été, l’entreprise girondine eDevice, pionnière et leader mondial des objets connectés pour la santé, a été reprise par le Californien iHealth : « Elle est allée chercher son développement aux États-Unis, faute de marché en France. Cet exemple montre que les avancées technologiques nécessitent des innovations organisationnelles et un modèle économique. Or télésurveillance ou téléconsultation n’ont pas encore de valeur économique », souligne Christian Fillatreau, président du cluster TIC Santé aquitain, lors du Forum Santé organisé par le GIPSO, le 6 décembre à Bordeaux. Cette manifestation a rassemblé 180 participants (un record !) chercheurs, étudiants et industriels du médicament du Sud-Ouest pour parler « prise en charge personnalisée du patient et évolution numérique ». Avec 13 000 emplois, la région représente 7 % des effectifs de l’industrie pharmaceutique française.
Le Dr Antoine Italiano de l’Institut Bergonié a décrit les avancées dans le traitement des cancers, avec les thérapies ciblées. Cette véritable révolution, permise par le séquençage à haut débit de l’ADN des tumeurs, a ouvert la voie à de nouveaux traitements (anticorps monoclonaux, inhibiteurs enzymatiques). Et l’avenir annonce de nouvelles avancées : création de banques de données de tumeurs permettant la création d’algorithmes de thérapies adaptées à chaque patient.
Accès équitable à la médecine sur mesure
« Le système de santé a-t-il les moyens d’offrir à tous un accès équitable au profilage génétique des tumeurs ? » s’est interrogé le Dr Italiano. En effet, le séquençage à haut débit n’étant pas coté, le Centre Bergonié de Bordeaux n’y a recours que grâce au mécénat.
« Ces nouvelles thérapies, souvent per os et en ambulatoire, nécessitent aussi de nouvelles formes de surveillance basées sur des objets connectés », a rappelé Christian Fillatreau.
En effet, la télésurveillance des patients porteurs de défibrillateurs implantés, pacemaker ou holter est aussi source de progrès, comme l’a démontré le Dr Sylvain Ploux, cardiologue au CHU de Bordeaux : délais d’intervention réduits en cas de défaut technique, baisse de mortalité de 50 %, diminution du nombre de consultations et des dépenses de transport.
Une télésurveillance non remboursée que le CHU de Bordeaux propose pourtant à 3 400 patients (ce qui en fait le premier centre télémédecine de France) grâce au soutien financier de l’ARS.
Santé connectée, source d’économies
« À Bergonié, nous dépensons 12 millions d’euros en molécules et 10 millions en prescriptions de transports sanitaires, enchérit Christian Fillatreau. La télésurveillance est un facteur d’économies, mais la frilosité freine l’innovation. »
Le dispositif Diabeo, service de télémédecine proposé par Sanofi pour le suivi des diabétiques, a fait l’objet d’un dossier de demande de remboursement et devrait bénéficier d’un financement, mais à titre expérimental. « Vous avez mis un pied dans la porte », ironise Christian Fillatreau.
Un espoir pour les entreprises régionales innovantes.
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