Lancée en avril 2019 par Agnès Buzyn, la feuille de route du numérique en santé est un succès, se félicite le ministère de la Santé. Déploiement des messageries sécurisées, e-CPS, Mon espace santé… « En trois ans, la santé a pris le virage numérique (…) tout un secteur s’est retroussé les manches », avance le ministère et l’Agence du numérique en santé, qui viennent de dresser le bilan de ce chantier de modernisation.
Avec l’échec du dossier médical partagé (DMP) et le manque d’interopérabilité des logiciels entre la ville et l’hôpital, la France était jusqu'en 2019 « en queue de peloton à l’échelle européenne », rappelle le ministère. Cette réforme « menée tambour battant » – alimentée par les deux milliards d'euros du Ségur du numérique – a aussi permis d’accroître les usages chez les professionnels de santé.
65 millions d'espaces ouverts
Ainsi, la e-CPS serait devenue « incontournable » pour près de 300 000 soignants. 40 % des libéraux ont déjà adopté cette appli mobile, 74 % des pharmaciens.
Symbole de cette feuille de route, le lancement en janvier de Mon espace santé a permis cette fois de passer de 10 millions de DMP ouverts « à environ 65 millions de comptes Mon espace santé », indique la Délégation du numérique en santé (DNS). Chaque mois, quelque 2,5 millions de documents médicaux sont envoyés sur la plateforme, quatre fois plus qu’il y a un an. « Un succès », affirme le ministère de la Santé. Côté hôpital, plus de 1 600 établissements se sont engagés à alimenter ce carnet 3.0, soit 70 % d’entre eux.
En parallèle, le déploiement des services numériques a fait décoller la e-prescription. En 2021, « environ 400 000 e-prescriptions ont été effectuées dans le téléservice e-prescription unifiée, soit plus du double de l’année précédente », précise la DNS. De quoi se préparer à la généralisation de l’ordonnance électronique, prévue pour fin 2024.
Forfait structure, indicateurs d'usage
La Délégation du numérique en santé (DNS), qui loue sa stratégie « des petits pas rapides », se félicite aussi du succès de la messagerie sécurisée. Plus de dix millions de messages sont échangés chaque mois via ce service – et 550 000 professionnels de santé ont ouvert leur propre boîte aux lettres. Deux fois plus qu’en 2020.
L’incitation financière a contribué à cet essor. Aussi, le forfait structure intègre deux nouveaux indicateurs liés à l’usage du numérique. En 2022 et en 2023, 40 points supplémentaires seront accordés aux médecins chez qui 20 % des consultations donnent lieu à une alimentation du DMP. Et 40 autres points récompensent ceux qui utilisent leur messagerie sécurisée avec leur patient, dans 5 % des consultations. Un affichage de ces nouveaux indicateurs est prévu dès juillet 2022 sur ameli Pro.
« Changement de paradigme »
Longtemps un « serpent de mer », le déploiement de l'Identité nationale de santé (INS) s'opère également. Tous les mois, huit millions d'identités uniques – permettant de tracer chaque patient dans n’importe quel logiciel – sont récupérées, 100 fois plus qu’en 2021.
Copilotes de ce chantier numérique, Laura Létourneau et Dominique Pon, qui furent les deux délégués ministériels au numérique en santé (et quittent aujourd'hui la DNS), auront enfin lancé la mise à jour des logiciels médicaux – ville, hôpital, médico-social – pour avancer vers l'interopérabilité réclamée par les acteurs de terrain. Un pari en bonne voie. « Ce sont plus de 80 % des professionnels de santé des secteurs de la biologie médicale, radiologie, médecins de ville et de l’hôpital qui pourront bénéficier dans les prochains mois des mises à jour logicielles "Ségur" », se réjouit l’Agence du numérique en santé. 40 000 d’entre eux ont déjà passé commande pour avoir accès à un logiciel métier compatible avec les nouveaux services ministériels (Mon espace santé en tête).
Alors que les libéraux avaient jusqu’au 15 juillet pour passer commande de la mise à jour de leur logiciel, l’Agence du numérique en santé leur accorde un délai jusqu'au 30 novembre. Objectif, « atteindre une masse critique de professionnels embarqués de manière simultanée sur l'alimentation de Mon espace santé ». L’installation des mises à jour est prévue jusqu’au 28 avril 2023.
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