Grand ménage chez Doctolib ! À partir de ce soir, le géant de la prise de rendez-vous médical en ligne renonce à référencer tout praticien qui ne peut justifier d’un numéro RPPS ou Adeli. « C’est une décision forte, éthique et courageuse », annonce Arthur Thirion, directeur France de Doctolib au « Quotidien », alors que la plateforme a été au cœur d’une polémique à la fin de l’été. En effet, fin août, des professionnels de santé avaient alerté la start-up sur le référencement sur son site de praticiens douteux, comme des naturopathes, voire de faux psychiatres.
En clair, dans les mois qui viennent, 5 700 praticiens vont tout simplement disparaître de la plateforme. « Il s’agit des praticiens qui ne sont pas référencés par les autorités de santé, qui n’ont plus leur place sur Doctolib, comme les hypnothérapeutes, les naturopathes ou les psychanalystes », indique Arthur Thirion. Dans le détail, 2 700 hypnothérapeutes (non médical), 1 500 sophrologues, 800 naturopathes et une poignée de réflexologues, psychanalystes et étiopathes n'apparaîtront plus dans le moteur de recherche de la plateforme.
Une « décision déontologique et collégiale »
Cette décision radicale de la licorne française est le fruit d’une consultation de six semaines qui vient de s'achever avec une quarantaine d’acteurs, dont les Conseils nationaux des ordres, les syndicats de professionnels de santé, les patients, les représentants des praticiens de « bien-être » ou encore la Miviludes. « Nous avons tiré plusieurs enseignements de cette consultation, notamment que les professionnels du bien-être peuvent effectivement répondre à une demande du patient, que leur activité est légale, mais qu'elle n'est pas encadrée par les autorités sanitaires », raconte Arthur Thirion.
Or, « il n’existe aucun moyen objectif et exhaustif pour Doctolib de vérifier leur qualification, de dire qui a le droit ou non d'exercice, nous avons donc choisi de ne plus les référencer », poursuit le directeur France de Doctolib. Médecin généraliste à Villeneuve-d'Ascq et membre du comité médical de Doctolib, le Dr Jonathan Favre, salue une « décision déontologique et collégiale, pour améliorer la qualité de l’information ».
Qui restera référencé ?
Médecins, sages-femmes, masseurs-kinésithérapeutes, infirmiers libéraux, chirurgiens-dentistes mais également psychologues ou ostéopathes à condition qu'ils soient pourvus d'un numéro Adeli resteront donc toujours clients de Doctolib. Que se passe-t-il pour les professionnels de santé qui propose également des pratiques « bien-être », parfois douteuses ? « Ce sera aux Ordres de jouer leur rôle, ce n’est pas à Doctolib de faire la chasse », répond Arthur Thirion, même si une équipe de modération travaille également pour que les professionnels de santé œuvrent au respect de la déontologie.
Dans les cas de l’acupuncture ou de l’hypnose médicale, par exemple, du moment que ces pratiques sont réalisées par un médecin, une sage-femme ou un dentiste, elles resteront référencées sur la plateforme. Autre cas à la marge : les centres de santé qui accueillerait à la fois des professionnels de santé et des praticiens « bien-être » . Dans ce cas, les praticiens exclus ne pourront plus proposer de rendez-vous en ligne, ne seront plus visibles du patient, mais auront toujours accès à l’agenda « pour des raisons de coordination », précise Doctolib. 20 centres de santé et 8 hôpitaux sont concernés.
Une décision « difficile »
Jusqu’alors, Doctolib vérifiait déjà systématiquement le numéro RPPS ou Adeli, et la spécialité, des professionnels de santé référencés, pour ne pas avoir à faire de faux médecins par exemple. D’ailleurs, en dix ans d’existence, « seules quatre tentatives de fraude ont été retoquées, c’est très marginal », précise Arthur Thirion.
Avec un abonnement mensuel à plusieurs centaines d’euros pour ses 150 000 clients, Doctolib ne cache pas que la décision d’éviction des 5 700 praticiens a été « difficile », bien qu’elle ait fait consensus. « Nous n’avions aucune obligation légale de le faire, mais c’est une décision de responsabilité et de confiance vis-à-vis des patients et des professionnels de santé », justifie Arthur Thirion, qui explique que Doctolib effectue ainsi « un recentrage très fort sur le monde de la santé ».
Les 5 700 praticiens « bien être » ont six mois pour être déréférencés de la plateforme. « C’est un délai contractuel », précise le directeur France de Doctolib. Ils seront tous informés d’ici à ce soir.
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships