La santé connectée sera-t-elle remboursée demain grâce à un modèle solidaire structuré autour de la prévention ?
Dans son livre blanc publié en janvier, l’Ordre national des médecins juge « cohérent » d’envisager une prise en charge par la collectivité nationale d’objets connectés et d’applications mobiles sous réserve d’évaluations scientifiques préalables concluantes (bénéfice sur la santé individuelle et/ou collective). Les médecins seront encouragés alors à passer du conseil à la prescription des solutions, notait l’Ordre.
« Le rêve de tout le monde est que la Sécu prenne tout en charge mais c’est impossible », prévient le Dr Guillaume Marchand, président de DMD Santé. Aujourd’hui, ce sont essentiellement les utilisateurs qui financent l’achat de leur « matériel santé » connecté. « Ma crainte, c’est de voir se développer une prise en charge du bien-être à la carte pour les personnes qui auront les moyens de financer la préservation de leur capital santé », ajoute le Dr Marchand. À ses yeux, un remboursement ciblé et progressif, à l’instar du système adopté pour le patch nicotinique, pourrait être imaginé en fonction des facteurs de risque. Dans cette prévention digitale, la part couverte par l’assurance-maladie obligatoire resterait symbolique (les complémentaires pouvant intégrer cette offre dans les contrats).
Pour les experts du secteur, la voie de financement la plus réaliste repose sur le concept du « B2B2C » (transactions destinées à un client professionnel qui, lui, s’adresse au marché des particuliers). « Si on veut rendre accessible une solution quelle qu’elle soit, il faut mutualiser les coûts avec des assureurs, complémentaires santé, entreprises, industriels pour qu’au final l’utilisateur n’ait qu’une somme minime à débourser », argumente François Lescure, président de MédecinDirect.
En France, certains assureurs commencent à proposer des offres de prévention incluant des objets connectés. Dans le champ de la santé au travail, le « corporate wellness » (bien être, espace forme) se développe depuis une dizaine d’années aux États-Unis, permettant d’impliquer une part croissante d’entreprises dans des démarches de prévention santé des salariés. Cette approche traverse l’Atlantique et pourrait être une autre source de financement de la santé connectée.
Mais quelle solution pour les personnes en situation de précarité, au chômage ou sans complémentaire ? Monétiser ses propres données de santé pourrait constituer une solution de dernier recours. Sous réserve de garanties de transparence dans la collecte et l’usage des données de santé par des géants du web...
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