C'est un bilan d'étape qui se révèle encourageant. Dans le cadre des cinq priorités nationales de déploiement de la télémédecine définies en 2011 (imagerie au service de la permanence des soins, prise en charge de l'AVC, maladies chroniques, santé des détenus, et soins dans les structures médico-sociales et d'hospitalisation à domicile), de nombreux projets régionaux de télémédecine ont été développés afin d'améliorer l'accès aux soins et le parcours des patients.
Accès à l'expertise neurologique
Après une expérience positive dans le Hainaut-Artois en 2011, l'agence régionale de santé (ARS) a donné une impulsion au dispositif de télé-AVC en l'inscrivant dans le projet régional de santé 2011-2016 du Nord-Pas-de-Calais. Le projet vise à mettre en œuvre une nouvelle organisation de la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux afin d'améliorer l'accès à l'expertise neurologique. Pour y parvenir, huit unités neurovasculaires ont été créées dans plusieurs hôpitaux de la région. Une garde de neurologie et de radiologie a été mise en place grâce à la mutualisation des équipes. Ainsi, les spécialistes proposent leur expertise à distance à l'hôpital ne disposant pas d'unités neurovasculaires (UNV) mais seulement d'une antenne de thrombolyse. « Le patient arrive à Lens, il est pris en charge par des urgentistes. Après une IRM les données sont envoyées et interprétées à Valenciennes. Un télédiagnostic sera également réalisé », explique le Pr Didier Leys, responsable du service de neurologie au CHRU de Lille.
Selon cet ancien président de la société française de neurologie (SFN), ce dispositif montre ses preuves. « Il diminue les transferts inutiles, contribue à assurer l'égalité territoriale d'accès aux soins et réduit les délais de prise en charge », se félicite-t-il. Toutefois, il regrette quelques freins dont la valorisation des actes médicaux ou le coût de l'équipement. « Un PH travaillant pour d'autres hôpitaux est pour le moment seulement rémunéré par son hôpital, précise-t-il. La télémédecine ne pourra se développer pleinement que si les problèmes liés à la valorisation des actes sont réglés ».
Diagnostic accéléré en milieu carcéral
Autre réussite, le partenariat entre le CH du Mans et l'unité de consultations et de soins ambulatoires (UCSA) de la maison d'arrêt de Coulaines (à 10 km de distance) a permis la mise en place de téléconsultations de dermatologie pour les détenus. En milieu carcéral, « les avis spécialisés sont difficiles à obtenir, les pathologies sont plus fréquentes qu'en milieu libre mais il y a des difficultés d'extraction médicale, un manque d'escortes et une annulation fréquente entraînant des retards diagnostics », insiste le Dr Patrick Serre, médecin responsable de l'USCA. Grâce à un système de vidéoconférence, le détenu accompagné d'un généraliste bénéficie d'une téléconsultation plus rapide avec un dermatologue de l'hôpital.
Selon les chiffres de l'ARS des Pays de la Loire, 80 téléconsultations ont été réalisées en 2013. Le délai de rendez-vous dermatologique oscille « entre trois et six semaines ». La téléconsultation permet ainsi un recours plus facile aux avis consultatifs de spécialité, une diminution du nombre d'extractions potentielles et donc des économies. « Le coût d'une extraction médicale d'un patient vers un hôpital de référence en région varie de 350 à 1 600 euros pour l'administration pénitentiaire », rappelle le Dr Serre. Pour autant, cette expérimentation montre ses limites. Là encore, les obstacles résultent du manque de coordination entre l'ARS, les CH et le CHU et de l'absence de nomenclature tarifaire adaptée. « Les professionnels ont des projets, de la volonté mais il y a des blocages à cause de la valorisation de l'acte », conclut-il.
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