Ce n’est pas une entaille dans la majorité mais une mise en garde assez directe sur la méthode et sur le fond. Lors de la discussion générale sur le projet de loi de santé, la députée du Lot Dominique Orliac, ophtalmologiste, a alerté Marisol Touraine, au nom des radicaux de gauche, sur la nécessité de mieux écouter (et surtout de prendre en compte) les critiques des médecins sur les points conflictuels de la loi.
Transferts
Dominique Orliac a jugé en particulier que les vives réserves des médecins sur le tiers payant généralisé « ne relèvent pas du fantasme ». « Ils pressentent que, derrière ce tiers payant généralisé, se profilent la fin programmée et la privatisation de notre Sécurité sociale en transférant progressivement la protection sociale vers l’assurance privée (...), relève l’élue radicale. Il faut aussi rétablir une vérité. Nos concitoyens renoncent en priorité aux équipements d’optique, aux soins dentaires, aux prothèses auditives et aux consultations de spécialité en raison du délai d’obtention de rendez-vous. »
Dominique Orliac s’inquiète aussi du sort des médecins qui devront appliquer le tiers payant généralisé dans des territoires ruraux sans ADSL ni fibre optique. « Alors, Madame la ministre, quand ils [les médecins] affirment que cette mesure va supprimer du temps médical au profit de temps administratif, au seul préjudice de leurs patients, il faut les entendre, les entendre enfin ! », a-t-elle martelé, jugeant « impensable » qu’une mesure législative oblige la profession à consacrer du temps pour des tâches administratives sans « aucune valeur médicale ajoutée ».
Les radicaux de gauche font donc entendre leur petite musique sur la réforme emblématique du projet de loi. « Nous aurions préféré que cette généralisation du tiers payant se fasse par l’expérimentation d’abord, que cette généralisation soit progressive ensuite, et qu’enfin, soit connu avec précision le coût de cette mesure », argumente Dominique Orliac.
Ostracisme
Même précaution sur les pratiques avancées et les délégations de tâches, autre chapitre sensible. « Nous y sommes favorables mais seulement dans la mesure où elles seront étudiées, étroitement concertées avec les professionnels de santé et surtout parfaitement organisées. »
Quant à l’organisation territoriale, Dominique Orliac regrette carrément « l’ostracisme qui a frappé, au départ de l’élaboration de ce texte, la médecine de ville et les établissements privés, qu’ils soient à but lucratif ou non ».
La députée se livre enfin une critique directe sur la méthode Touraine et le manque de concertation en amont. « Nous regrettons l’unanime remarque des organisations syndicales et ordinales concernant la qualité des négociations. Elles font état d’un dialogue de sourds. Elles ne peuvent pas collectivement se tromper ! Le résultat c’est une guérilla tarifaire et une journée santé morte ! »
Partenaire « fidèle » mais désireux d’être « respecté », le groupe des radicaux de gauche sera « très attentif » au débat et vigilant quant à l’évolution du projet de loi.
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