Boire un verre d'eau, porter un paquet ou juste serrer une main : ces gestes, simples et anodins, sont un combat quotidien pour certains. Pour leur faciliter la tâche, une entreprise suédoise a imaginé un gant motorisé capable d'augmenter la force et l'endurance de ceux qui le revêtent.
Concrètement, trois des doigts de ce Servohandsken (« gant de puissance », en suédois) sont dotés de capteurs de puissance, sur leur surface extérieure. Lorsque l'usager se saisit d'un objet, chacun des capteurs mesure l'intensité de la force produite, et l'amplifie, pour rendre possible le geste définitif. Cette puissance supplémentaire est actionnée par des tendons artificiels, reliés à un petit moteur portable. Pour développer cet exosquelette inédit, l'entreprise Bioservo a fait plancher des chercheurs de l'institut de médecine Karolinska et de l'Institut royal de technologie (KTH) de Stockholm. « Cette nouvelle technologie repose sur la mécatronique. Soit la combinaison de l'électronique, de la mécanique et de l'informatique, en temps réel, pour répondre à un besoin donné », explique Jan Wikander, chercheur et professeur de mécatronique à KTH. En l'occurrence, dans ce cas précis, un besoin d'autonomie.
Dans de nombreuses pathologies
Les concepteurs du Servohandsken, qui est d'ores et déjà sur le marché, nourrissent de grandes ambitions. Le nombre des pathologies ciblées est en effet particulièrement élevé : blessures orthopédiques, troubles nerveux et musculaires, lésions cérébrales congénitales ou acquises, arthrite, etc. Il ne s'adresse en revanche pas aux patients souffrant d'une paralysie totale, car s'il amplifie la force du sujet, il ne la crée pas. « Il est difficile aujourd'hui d'estimer le nombre de personnes qui pourraient y trouver un intérêt, tant l'usage du Servohandsken peut être divers. Nos tests ont montré qu'il pouvait être bénéfique aussi bien à patient atteint du syndrome de Guillain-Barré (SGB), qu'à une employée limitée dans son travail par une arthrite chronique », souligne Jan Wikander.
Ce dernier cas de figure intéresse d'ailleurs particulièrement l'État suédois. Dans un pays dont la population vieillit, et où il faudra travailler de plus en plus tard, l'idée d'assister les personnes sujettes à des troubles moteurs pour les maintenir dans l'emploi à de quoi séduire… Au point que l'Arbetsförmedlingen, l'agence publique suédoise pour l'emploi, a commencé à le prescrire. Le calcul est simple : pour l'équilibre des comptes publics, mieux vaut un travailleur assisté par une technologie certes coûteuse (5 000 euros) qu'un travailleur arrêté. « Les résultats sont très positifs », témoigne ainsi Per Danielsson, conseiller-kinésithérapeute dans l'agence pour l'emploi de la ville de Borlänge, dans le Comté de Dalécarlie. « Récemment, nous avons permis à une femme de 41 ans, atteinte d'une sclérose en plaque, de conserver son emploi de manutentionnaire dans un supermarché. Le gant compense la faiblesse grandissante de son bras droit », indique-t-il. Le réglage de la machine a tout de même nécessité une petite année.
Prévention des TMS
Autre exemple, celui ce jeune soudeur au bras gauche très faible, conséquence de séquelles neurologiques après une bagarre dans l'adolescence. Au terme de sa formation, c'est muni du gant qu'il a entamé sa période d'essai chez un employeur de la région… qui l'a finalement embauché. Pour Per Danielsson, l'étape suivante est toute trouvée : l'usage du gant motorisé avant même l'apparition de pépins de santé. « Pourquoi, en effet, ne pas prescrire cet outil en prévention des accidents de travail ou des TMS ? ». L'innovation suédoise n'est en tout cas pas passée inaperçue : la société Bioservo a signé l'été dernier un partenariat stratégique avec General Motors et la NASA.
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