Pause, un programme pour l'accueil d'urgence

Du devoir d’hospitalité envers les scientifiques en exil

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Publié le 27/11/2017
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Accueillir des scientifiques étrangers qui, en raison de la situation politique dans leur pays, ne peuvent pas y continuer leurs travaux. Tel est l’objectif à la fois simple et ambitieux du programme Pause.

Celui-ci organisait jeudi dernier au Collège de France ses « rencontres internationales », avec pour objectif de tirer les premiers enseignements de l’expérience après quelques mois de fonctionnement. Mais il s’agissait également de mieux faire connaître l’initiative. « Je ne vous cacherai pas qu’il y a derrière cet événement une idée de collecte de fonds », prévenait Alain Prochiantz, administrateur au Collège de France, en ouverture de la manifestation. Il faut dire que malgré la belle brochette de partenaires du programme Pause (outre la vénérable institution fondée par François Ier, on trouve parmi ses soutiens le CNRS, l’INSERM, l’Inria et surtout le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation), celui-ci a besoin de ressources : environ 30 000 euros sont nécessaires pour sécuriser et insérer un candidat, estime-t-on du côté de ses promoteurs.

Un an, ce n’est pas si long…

Ils sont 98 à avoir bénéficié d’un accueil dans une université française depuis le mois de janvier grâce au programme Pause. Toutes les disciplines sont concernées, de l’archéologie à la mécanique des solides en passant par la sociologie et la biologie. On note tout de même une prédominance pour les sciences humaines, qui rassemblent environ les deux tiers des lauréats, explique Laura Lohéac, directrice exécutive du programme. Les ressortissants turcs comptent pour 60 % du total, « ce qui s’explique facilement par le contexte actuel de purge », ajoute-t-elle.

Les heureux élus bénéficient d’un accueil d’un an dans une université française. Ce bail n’est renouvelable qu’une fois, et encore, de manière exceptionnelle. Ce qui pose immédiatement la question de l’après. « Pour nombre d’entre eux, étant donnée la situation géopolitique, il est assez peu envisageable de repartir dans leur pays, même dans un an ou deux, note Alain Prochiantz. Il faut donc réfléchir aux moyens de les accueillir dans nos institutions ou dans le secteur privé. »

La ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal a annoncé en clôture des rencontres qu’elle allait renouveler son engagement auprès du programme Pause : après lui avoir octroyé deux millions d’euros en 2017, son ministère s’engage à augmenter sa dotation d’un million en 2018. Une aide bienvenue, mais qui ne suffira pas : Laura Lohéac explique que seulement une candidature sur deux a été acceptée en 2017, alors que nombre de candidats refusés auraient mérité d’être financés. C’est pourquoi Pause en appelle aussi à la générosité du public.  (http://dons.fondationdefrance.org)

Adrien Renaud

Source : Le Quotidien du médecin: 9622