L'Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille, dirigé de longue date par Didier Raoult, a été le théâtre de nombreuses dérives, sur le plan social comme sanitaire, selon des extraits d'un rapport relayé ce 6 juillet par « La Provence ».
Ce rapport, auquel le journal a eu accès, est réalisé par l'Inspection générale des Affaires sociales (Igas), qui dépend de plusieurs ministères dont celui de la Santé, et par l'Inspection générale de l'Éducation, du Sport et de la Recherche (IGÉSR). Il couvre un champ plus large qu'un précédent rapport, déjà cinglant, publié en avril par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). La fuite de ce rapport intervient alors que celui-ci doit encore être finalisé avec, notamment, les réponses de l'IHU de Marseille.
Pression sur les médecins
Les patients soignés à l'IHU se voient notamment donner « des prescriptions qui ne respectent pas le code de la santé publique, ce qui est de nature à relever d'une qualification pénale », selon un extrait de ce rapport cité par « La Provence ». Parmi ces traitements : un traitement à base d'hydroxychloroquine.
Selon le journal, le rapport de l'Igas et de l'IGÉSR conclut que les médecins de l'IHU ont été sous pression de leur direction pour prescrire ce traitement, ainsi que de l'ivermectine, un autre médicament dont les bénéfices anti-Covid n'ont jamais été avérés.
« Logique de soumission » instaurée par Raoult
Sur le plan scientifique, le rapport dénonce aussi de mauvaises pratiques en matière de recherche (déjà pointées par l'ANSM et sanctionnées par des mesures de police sanitaire) : les travaux seraient souvent menés de manière biaisée, là encore sous la pression de la direction. De jeunes chercheurs en viennent à « édulcorer volontairement les résultats et les données ou supprimer des choses qui ne marchent pas, pour ne pas subir de pression », selon un extrait. Les articles sont in fine publiés dans des revues de qualité médiocre.
Le rapport évoque, plus largement, un fonctionnement très autoritaire de la direction du Pr Raoult, qui a mis en place une « logique de soumission ». Sur 300 employés interrogés, une cinquantaine ont ainsi fait part « d'une situation allant du malaise à une forte souffrance liée à leur activité professionnelle ».
La fuite de ce rapport a lieu une semaine avant une réunion du conseil d'administration de l'IHU le 13 juillet pour donner un successeur à Didier Raoult. Le comité de recherche a recommandé le nom de Pierre-Edouard Fournier, chercheur déjà intégré depuis longtemps à l'IHU, mais ce choix a été critiqué, en interne comme en externe, car ne marquant pas une rupture suffisante.
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