LE QUOTIDIEN : Pour vous, la formation par simulation médicale est-elle indispensable ?
Bien sûr. La simulation médicale n’est ni un joli jouet, ni un luxe pour les riches, c’est un must-have de l’éducation et de l’évaluation. Et ce n’est pas seulement bénéfique pour les jeunes médecins, ça l’est aussi pour les chefs de service. Ce n’est pas parce qu’on va à des congrès, des conférences (etc.) qu’on est bon. On a vite tendance à tenir les compétences pour acquises. Imaginez que les pilotes d’avion n’aient pas été formés sur simulateurs, ou l’aient été une seule fois en 20 ans ! C’est pourquoi nous souhaitons intégrer le cursus dans l’accréditation, l’octroi de diplômes et la formation continue. De nombreux changements doivent être faits, et nous n’en sommes qu’au commencement.
Vous annoncez une sorte de révolution de l’éducation médicale… Rencontrez-vous des obstacles dans cette démarche ?
Malheureusement, oui. Des obstacles à la fois financiers et politiques. Personne ne veut être poussé au défi de l’innovation. Nous sommes toujours en train de nous battre. Comme nous visons une efficacité optimale, nous avons toujours besoin d’argent. C’est un gros problème car les coûts de la technologie sont énormes. Les autorités nous disent : « On y croit, mais on n’a pas assez de sous. » Chez nous, l’innovation est financée par la philanthropie. Contrairement à l’aviation, la médecine n’a pas d’argent pour la simulation. Pourtant on devrait mettre plus de fonds dans la simulation. Beaucoup d’argent est perdu à cause des compétences sous-optimales des médecins.
La simulation médicale peut-elle être une source d’économie ?
Il n’en fait aucun doute. Grâce à la simulation médicale, une intervention chirurgicale peut durer 30 minutes au lieu de 3 heures. En plus de diminuer les erreurs, on réduit les complications, la durée des soins intensifs, les infections nosocomiales, etc. Je suis convaincu que la simulation médicale peut être un facteur de ressources pour le système de santé. Car le plus gros problème de la médecine n’est pas le VIH, le SARS (etc.) mais les erreurs médicales. Le désastre équivaut à 4 accidents de Boeing 737 par jour ! Et ça, c’est inexcusable. C’est la 3e cause de mortalité aux États-Unis. En tant que médecin, on a le pouvoir de guérir, mais aussi de tuer, il ne faut pas l’oublier.
Comment comptez-vous développer les programmes du MSR à l’international ?
La plupart des centres qui existent sont sous-utilisés et non-employés au profit du système de santé, faute de financements et de réglementations. Comme leurs formations sont non obligatoires, ils s’en sortent difficilement. Le MSR a gagné de l’expérience en tant que corps de conseil international pour les institutions qui souhaitent développer leur centre. Nous avons déjà accompagné plusieurs centres de simulation, dont celui de Sao Paulo, et développé des partenariats, avec la Mayo Clinic notamment. Notre contribution est majoritairement pédagogique : comment construit-on des programmes, des scénarios, comment utilise-t-on les vidéos pour débriefer, etc.
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