UNE ÉTUDE MENÉE au Cameroun vient de montrer que les femmes soumises à des violences conjugales ont 50 % plus de risque de perdre leur bébé au cours d’une grossesse. Et près d’un tiers de ces fausses couches pourraient être ainsi évitées. Plus troublant encore, parmi les différentes formes d’agression au sein d’un couple, il apparaît que la violence émotionnelle soit plus abortive que les violences physiques ou sexuelles. Ce sont les résultats d’une étude transversale menée au Cameroun au sein d’une cohorte constituée à partir de la Cameroun Demographic Health Survey. Le questionnaire distinguait trois formes de violence : physique, émotionnelle (humiliation verbale ou de fait, menace contre la femme ou sa famille) et sexuelle (actes sexuels non consentis). Plus de la moitié des 2 562 femmes sélectionnées avaient été victimes de violences conjugales, le plus souvent physiques (39 %) et émotionnelles (31 %). Si les fausses couches à répétition étaient plus fréquentes, quel que soit le type de sévices matrimoniaux, le harcèlement moral s’est révélé le comportement le plus dangereux.
Une corrélation surprenante à l’âge et l’éducation.
Certains résultats sont en contradiction avec ce qui a pu être constaté dans les pays développés. Alors qu’aux États-Unis, les femmes battues tendent à être plus jeunes, moins éduquées et avec de plus faibles revenus, le niveau de violence conjugale dans cette étude est corrélé à l’âge et au niveau d’éducation de l’homme et de la femme. Une explication pourrait être que dans un pays d’Afrique où la domination masculine est culturelle, les femmes éduquées sont plus à même de revendiquer leur liberté et d’identifier les comportements anormaux de leur mari.
L’étude souligne le fait que les facteurs psychologiques jouent un rôle prépondérant pour le bon déroulement d’une grossesse et que les humiliations du conjoint sont particulièrement traumatisantes. Cette constatation prend d’autant plus de poids que l’étude a été réalisée dans un pays d’Afrique, alors même qu’un certain degré de remontrances de l’homme vers la femme est encouragé par certaines communautés pour maintenir « la discipline ». Il apparaît clairement que la violence conjugale par les mots n’est pas vécue par les femmes africaines comme quelque chose « d’anodin » ou de « naturel ». Elle altère même de façon inquiétante les capacités de reproduction.
Alio et coll. Lancet, 24 janvier 2009.
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