Depuis ce vendredi 6 octobre, 30 % des pharmaciens installés dans les régions de Nouvelle-Aquitaine et d'Auvergne-Rhône-Alpes sont autorisés à vacciner contre la grippe, un acte jusqu'à présent réservé aux médecins et aux infirmiers (sous certaines conditions).
Cette expérimentation, prévue pour une durée de trois ans par la loi de financement de la Sécurité sociale 2017, vise à augmenter le taux de couverture vaccinale des personnes à risque. Les officinaux volontaires doivent préalablement avoir recueilli par écrit le consentement « exprès et éclairé » de la personne qu'ils jugent éligible. Sont exclues : « les femmes enceintes et des personnes qui n'ont jamais été vaccinées contre la grippe ».
Le pharmacien doit informer le médecin traitant de cette vaccination, et délivrer au patient une attestation de vaccination comportant le nom et le numéro de lot du vaccin.
Pour le moment, près de 3 600 pharmaciens sur 11 000 dans ces deux régions pilotes participent à cette expérimentation. Ce chiffre est en constante augmentation avec, rien qu'en Auvergne-Rhône-Alpes, 60 à 100 demandes de formation par jour, selon le conseil de l'Ordre des pharmaciens.
Pas de rendez-vous à prendre, simplicité des formalités… les pharmaciens entendent rendre un service – ils touchent 4,50 euros sur un vaccin vendu 6,10 euros – et contribuer à augmenter cette couverture à 75 % contre 48 % aujourd'hui pour les personnes à risque.
« La vaccination, c'est comme le Beaujolais nouveau ! »
Pour ce premier jour de vaccination, il n'y pas foule dans les officines, si ce n'est pour des demandes de vaccins et des questions. « La vaccination, c'est comme le Beaujolais nouveau, il y a une date précise mais tout le monde ne va pas se précipiter demain », plaisante un pharmacien girondin.
Il attend du monde durant la deuxième quinzaine d'octobre mais tout est déjà prêt pour ce premier jour de vaccination contre la grippe : la formation d'une journée a été suivie et une salle a été mise à disposition au sein de la pharmacie, des conditions difficiles à respecter pour les petites officines.
« Il n'y a qu'un titulaire ici et il y a un problème de place, nous ne pouvons pas avoir une pièce dédiée », souligne Isabelle Quincy dans une pharmacie du centre-ville de Bordeaux, estimant que « la procédure est un peu lourde ».
Certains pharmaciens réticents, les patients fidèles aux médecins
Les personnes vaccinées devront rester 30 minutes dans les locaux pour s'assurer que tout va bien, et surtout cette expérimentation est limitée aux personnes de plus de 65 ans, à celles aux pathologies particulières comme le diabète ou l'asthme, aux personnes obèses, au personnel navigant, aux individus qui ont des contacts directs avec des malades ou des nourrissons fragiles. Autre condition : être majeur et avoir déjà été vacciné contre la grippe.
« C'est un petit peu dommage dans la mesure où les gens qui pourraient être attirés par cette formule, ceux qui n'ont pas le temps d'aller chez le médecin par exemple, ne peuvent être vaccinés en pharmacie », regrette François, pharmacien dans la banlieue bordelaise, soulignant que les personnes âgées ou malades voient en revanche régulièrement leur médecin.
« Le plus, c'est surtout pour les gens en zone rurale où il y a peu ou pas d'infirmiers et de médecins », estime-t-il.
Un autre pharmacien en Charente pointe le risque de faire mal pendant la piqûre ou pire, le risque d'allergie, ce qui ferait « fuir la clientèle » et ternirait la réputation de l'officine.
À Bordeaux, Valérie n'entend pas faire de l'ombre aux infirmiers et médecins qui pratiquent cette acte : « Je n'apprécierais pas que les médecins vendent des vaccins ! » Olivier, infirmier libéral de Yenne, une commune savoyarde de 3 000 habitants, est de son avis et « aimerait pouvoir garder cette activité ».
Aucune crainte à avoir si l'on en croit les personnes interrogées, qui restent majoritairement fidèles à leur généraliste.
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