Devant ses troupes, le candidat Emmanuel Macron a annoncé lundi vouloir « casser toutes les barrières pour la santé, et remettre tout le monde autour de la table ». Un vœu de campagne dans la droite ligne des délégations de tâches déjà opérées et ouvertement réclamées par plusieurs professions médicales et paramédicales.
Après les kinés et les infirmiers, c’est au tour des sages-femmes de pousser leurs pions. Sept organisations de maïeutique, dont l’Ordre des sages-femmes, les étudiants et le Collège national des sages-femmes de France publient dix propositions pour « la santé et le droit des femmes », dans un livre blanc commun.
Réforme statutaire
Alors que les quelque 23 500 sages-femmes françaises dénoncent la détérioration de leurs conditions de travail et leur niveau de rémunération, parmi les plus faibles d’Europe, elles souhaitent « reconnaître définitivement le caractère médical des sages-femmes », pourtant déjà acté par le code de la santé publique, mais « ignoré, voire dénigré ». Une reconnaissance qui passe, selon les organisations, par une réforme complète du statut et des rémunérations. « 87 % des sages-femmes estiment que le statut actuel des hospitalières est inadapté », précise la profession qui regrette qu’« une grande partie des équipes de sages-femmes salariées soit gérées par des cadres de santé paramédicaux, et restent également sous la tutelle des médecins ».
Désormais, les sages-femmes plaident ouvertement pour une bascule vers le statut de praticien hospitalier, « ce qui permettrait notamment de consacrer plus de jours à la formation continue, de pouvoir cumuler des activités et d’obtenir une rémunération conforme à leurs responsabilités ». Pour les libérales, qui agrègent 23 % de la profession, les sages-femmes réclament des avantages similaires aux médecins : un accès à la Rosp (rémunération sur objectifs de santé publique) et un alignement des indemnités kilométriques et « numériques » (forfait informatique) sur le reste des professions médicales.
Référentes pour la santé gynécologique
Alors que 16 % des femmes n’ont aucun suivi gynécologique régulier, les organisations de maïeutique souhaitent positionner les sages-femmes comme « acteur de référence » pour la prévention et la santé gynécologique.
Ce qui conduit aussi les maïeuticiennes à plaider pour des compétences médicales élargies. Les organisations réclament par exemple de « supprimer la liste limitative de prescription des sages-femmes (médicaments, dispositifs médicaux et arrêts de travail) et donner la possibilité de prescrire les préservatifs aux hommes ». Actuellement, une trentaine de classes thérapeutiques peuvent être prescrites par les sages-femmes. La liste complète vient d’être actualisée à la faveur d'un décret publié au Journal officiel le 6 mars.
Dans la même veine, les sept fédérations demandent à pouvoir prescrire des examens de dépistage des IST – et leurs traitements – à l’ensemble de la population, et plus seulement aux femmes et leurs partenaires. Enfin, elles souhaitent « ouvrir aux sages-femmes la possibilité de vacciner les hommes contre le HPV ».
Pour « renforcer le droit à l’avortement », les maïeuticiennes – à 97,4 % des femmes – veulent également obtenir un accès pérenne à l’IVG instrumentale. Un décret publié fin décembre a rendu cet acte possible pour les sages-femmes, dans le cadre d’une expérimentation de trois ans.
Une sixième année ?
Pour contrebalancer « l’élargissement considérable des compétences », depuis une quinzaine d’années, les sages-femmes souhaitent également faire évoluer leur formation initiale. Avec 4 000 étudiants en maïeutique et des connaissances en gynécologie qui s’accumulent chaque année, la formation universitaire est jugée « trop dense », et les programmes « obsolètes ». Ainsi, les études de maïeutique requièrent en moyenne 1 175 heures d’enseignements en plus par rapport à la pharmacie et à l’odontologie. Conséquence : 27 % des étudiants en maïeutique songeaient en 2018 à quitter leur formation, et la promotion 2018-2022 a déjà essuyé 6 % d’abandons.
Depuis plusieurs années, les organisations de sages-femmes demandent enfin l’ajout d’une 6e année dans leur cursus, pour éponger ce volume horaire supplémentaire. Par ailleurs, elles proposent au prochain président d'« inscrire dans la loi le statut de maître de stage universitaire pour les sages-femmes – déjà existant chez les médecins ».
Dans les prochaines semaines, les organisations souhaitent rencontrer les candidats à l’élection présidentielle, « dont certains ont déjà manifesté un intérêt majeur pour nos revendications et propositions », soulignent-elles.
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