La ministre de la Santé Agnès Buzyn s'est présentée comme la gardienne du budget de la psychiatrie, et s'est engagée à lancer une réflexion sur la rénovation de son modèle de financement. « La psychiatrie ne sera plus le parent pauvre : j'en fais une priorité de santé », a-t-elle déclaré ce 26 janvier, devant les psychiatres réunis au Congrès de l'Encéphale, en présentant un plan de 12 mesures, déclinées en quatre axes.
Le premier porte sur la formation des professionnels de la santé mentale, en lien avec la recherche et l'enseignement.
Toutes les facultés auront au moins un PU-PH en pédopsychiatrie, a promis la ministre. Deux postes supplémentaires ont été créés en pédopsychiatrie, ce qui porte l'effectif national à 41 emplois de PU-PH. Et un appel à projet sera lancé pour 10 postes de chef de clinique assistant (CCA) en pédopsychiatrie. Agnès Buzyn a rappelé que la psychiatrie est l'une des priorités du programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) 2018.
La ministre proposera avant 2019 les contours d'une coordination nationale de la recherche en psychiatrie, afin de créer de la synergie entre les travaux de recherche, d'apporter aide et ressources aux chercheurs, et d'imposer la France sur la scène internationale.
Stage psy pour tous les généralistes
Pour améliorer le repérage précoce des pathologies, tous les médecins généralistes auront un stage de psychiatrie durant leur formation : « Le généraliste doit être le premier recours en vue d'un bilan initial et du traitement des pathologies les moins lourdes, et savoir orienter vers le spécialiste quand la situation le nécessite », a-t-elle déclaré. La prochaine révision de la convention médicale sera l'occasion de développer les consultations complexes de psychiatrie en médecine générale.
Toujours au chapitre de la formation, les infirmiers en pratiques avancées devraient pouvoir se spécialiser en psychiatrie d'ici la fin de l'année.
De nouvelles recos de bonnes pratiques et des indicateurs
Le deuxième axe du plan d'actions porte sur l'amélioration de la qualité des soins et des pratiques. La ministre a ébauché plusieurs orientations pour renforcer l'organisation territoriale : encourager les coopérations entre acteurs du soin somatique et du soin psychiatrique, cruciales notamment en addictologie, lier médical, médico-social et social, au sein des projets territoriaux de santé mentale (PTSM), et développer l'offre de soins en ville. Concrètement, la révision conventionnelle sera l'occasion de revoir la tarification des consultations en pédopsychiatrie de ville, a indiqué Agnès Buzyn.
La prise en charge du patient psychotraumatisé (femmes, enfants, migrants, victimes d'attentat, etc) bénéficiera de la création de 10 unités en 2018, tandis que le Pr Benoît Schlemmer, président du comité de suivi de la réforme du 3e cycle, doit travailler à l'instauration d'une formation spécifique transversale sur le sujet. « Je lui demanderai également de revoir la maquette de la psychiatrie, en particulier sur la question de la formation des pédopsychiatres », a précisé la ministre.
La Haute autorité de santé (HAS) doit produire de nouveaux indicateurs de qualité des soins, sur la médication, la précocité des diagnostics, les délais de prise en charge, les taux de suicide.
Réflexion sur le financement
Question financement, la ministre n'a pas annoncé de crédits supplémentaires, mais s'est dite « particulièrement vigilante à ce que le budget de la psychiatrie soit préservé dans les GHT et les hôpitaux généraux ». L'allocation des ressources devrait être révisée, en tenant compte des indicateurs. La ministre a aussi admis la nécessité de faire évoluer le modèle de financement de la psychiatrie. « J'engagerai la réflexion avec les acteurs concernés », a-t-elle indiqué. Par ailleurs, la psychiatrie sera l'une des premières disciplines concernées par les financements de parcours innovants, prévus dans l'article 51 de la loi de financement de la sécurité sociale.
Le dernier axe est consacré à la prévention du suicide : un dispositif de recontact du suicidant à sa sortie des urgences ou de l'hôpital, expérimenté dans 5 régions et un département, doit être généralisé dans les deux ans et une mission des inspections générales doit étudier la mise en place d'un numéro unique pour les personnes en situation de détresse psychique.
Enfin la ministre a indiqué qu'elle assurerait personnellement la présidence du comité stratégique de psychiatrie et de santé mentale, qui devrait se réunir au printemps, puis une fois par an, pour faire le point sur les actions engagées. Il remplacera le conseil national de santé mentale installé en octobre 2016 par Marisol Touraine.
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier
Soumission chimique : l’Ordre des médecins réclame un meilleur remboursement des tests et des analyses de dépistage
Dans les coulisses d'un navire de l'ONG Mercy Ships