Marisol Touraine l'avait affirmé juste après l'avis de la Commission de la transparence de la Haute Autorité́ de santé́ (HAS) qui avait jugé « insuffisant » le service médical rendu (SMR) des médicaments utilisés dans le traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer : l'urgence n'est pas la non prise en charge de ces molécules mais bien la mise en place d'un parcours et d'un protocole de soins pour ces patients. « Tant que ce protocole ne sera pas non seulement élaboré mais mis en œuvre, la question du déremboursement ne peut pas et ne doit pas se poser », avait-elle asséné. Dans la foulée, le Pr Michel Clanet, président du comité de suivi du Plan de lutte contre les maladies neurodégénératives (PMND), s'était vu confier la mission d'une concertation et de recommandations sur la prise en charge.
Éviter une perte de chance
Le rapport, intitulé « Quel parcours pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ? », remis ce mardi à la ministre le confirme dès le préambule : « Le déremboursement de ces médicaments sera probablement à l’origine d’une perte de chance pour certains patients, en particulier ceux qui sont atteints d’une démence à corps de Lewy avec troubles comportementaux. » Le rapport préconise donc le maintien du remboursement des traitements lesquels font partie d'une approche globale comprenant les alternatives médicamenteuses, l’accompagnement médico-social et la place des aidants. Les traitements alternatifs non médicamenteux ou interventions psycho-sociales, « beaucoup n’ont pas montré leur efficacité́ en termes de rigueur scientifique », indique le rapport. Et de reprendre à son compte une conclusion du Pr Joël Ménard qui, dans son rapport, affirmait : « La prescription des médicaments anti-Alzheimer actuels reste un petit outil d'amélioration possible de la qualité de vie de quelques malades à un coût annuel modeste pour l’Assurance-maladie… » La mesure devrait coûter 90 000 euros (coût de la baisse attendue du déremboursement).
Revalorisation des consultations
Le maintien du remboursement est assorti d'un renforcement du parcours de soins en attendant l'arrivée prochaine de médicaments innovants comme le laissent supposer les nombreuses pistes de recherche actuelles.
« Le repérage de la maladie est encore trop tardif et ce n'est que par l'implication plus forte de la médecine générale qu'un progrès pourra être attendu », indique le rapport. Marisol Touraine a d'ailleurs choisi de mettre en avant cet aspect déjà formalisé dans les négociations conventionnelles. À compter du 1er novembre 2017, les consultations de médecine générale visant à informer les patients et à définir un traitement face à une maladie neurodégénérative (Alzheimer, maladie de Parkinson, sclérose en plaques) seront revalorisées à 60 euros. Les généralistes pourront également réaliser jusqu’à trois « visites longues » annuelles au domicile des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer pour un tarif de 70 euros. Un programme de formation dédié aux maladies neurodégénératives, élaboré en collaboration avec le Collège de la médecine générale de France (CMGF), sera proposé aux professionnels de santé dans le cadre du développement professionnel continu (DPC).
Intervention du gérontopsychiatre
Marisol Touraine a aussi annoncé l'ouverture de 20 unités cognitivo-comportementales supplémentaires sur le territoire national, dont la moitié en 2017.
Le rapport met en évidence d'autres points d'amélioration comme l'hospitalisation aux urgences des personnes atteintes qui est souvent inappropriée. Largement insuffisante, juge le rapport, l'intervention de la gérontopsychiatrie dans le parcours de soins constitue une carence du plan. Le rapport recommande que la psychiatrie du sujet âgé soit inscrite dans le plan national de santé mentale. Une autre faiblesse de la prise en charge concerne les malades jeunes. En dépit de la création de centres de référence malades jeunes MA, des difficultés demeurent et justifient un programme d'actions dédiées.
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