LE QUOTIDIEN : Pourquoi avoir choisi le thème de l’innovation pour ces Journées ?
ANNE COURRÈGES : L’innovation fait partie de notre ADN à l’agence de biomédecine, et c’est aussi notre préoccupation constante. Beaucoup de réflexions sont en cours. La plus emblématique est celle de la génétique, où tout bouge très vite, en particulier avec CRISPR-Cas9, et le séquençage haut débit, où l’on comprend qu’il est plus facile de décrypter le génome entier que de le faire de façon ciblée. Cela fait bouger beaucoup de lignes. Mais les innovations se retrouvent aussi dans d’autres domaines comme les allogreffes innovantes, la bio-impression ou les organes artificiels. L’innovation peut aussi être organisationnelle, avec Cristal-image par exemple, ce dispositif qui permet le partage sécurisé de données entre les sites de prélèvement et les équipes de greffe et facilite la prise de décision, la rendant plus rapide et plus efficace. C’est la même chose avec la télémédecine, qui demande de réfléchir à comment on s’organise, comment on pense la filière des soins.
Des sujets totalement nouveaux apparaissent-ils aussi ?
Oui, et nous devons mener une réflexion permanente à ce sujet. C’est le cas des nouveaux virus, tels que Zika, pour savoir s’adapter à ce type de nouveau défi dans un délai court et dans l’incertitude scientifique, pour garantir la sécurité. Nous avons ainsi organisé une session sur l’exemple de ce virus et de ses implications en pratique clinique d’aide médicale à la procréation (AMP). C’est grâce à notre travail en lien avec les professionnels de terrain que nous pouvons mener une réflexion pertinente sur ce type de sujet.
Quelle est la place de la collaboration internationale pour l’ABM ?
Le monde de la recherche ne peut pas penser dans un cadre seulement national, nous avons besoin de toujours prendre exemple chez les uns et les autres. Ça a ainsi été le cas pour Maastritcht III (cf. ci-dessous), une innovation qui s’est largement nourrie de l’expérience internationale mais pour laquelle nous avons choisi notre propre protocole national. Dans cette perspective où nous nous nourrissons des expériences européennes et internationales, il s’agit de ne pas perdre de vue la valeur éthique, la solidarité et l’humanisme, au service de tous les patients, dans un souci d’équité et de sécurité. Toujours dans un objectif d’accompagnement optimisé des patients, nous avons aussi développé une plateforme d’échanges de greffons : il est rare qu’un greffon français ne trouve pas de preneur en France mais il serait dommage de perdre quelque chose de si précieux, et cette plateforme nous permet de le proposer à des pays partenaires. Cette plateforme est ouverte à tous les pays de L'Union européenne. Cette démarche a aussi été entreprise pour les dons croisés avec la Suisse, dans le but de constituer suffisamment de paires pour augmenter les chances des personnes.
Quels sont maintenant les objectifs de l’ABM ?
Notre feuille de route est celle du Contrat objectifs et performance 2017-2021, qui concerne le prélèvement et la greffe d’organes et de tissus, le registre épidémiologie et information en néphrologie, le prélèvement et la greffe de cellules-souches hématopoïétiques, et la procréation, l’embryologie et la génétique humaines. Les objectifs y sont très ambitieux, avec par exemple la volonté, d’ici 2021, d’inscrire 310 000 donneurs vivants de moelle osseuse dans le registre (contre 260 000 aujourd’hui), de réaliser 7 800 greffes annuelles d’organes (contre un peu moins de 5 900 cette année), ou encore de parvenir à l’autosuffisance en don de gamètes. L’ABM ne peut espérer y parvenir seule, elle le fera avec ses partenaires, d’abord à l’hôpital mais aussi avec les associations et les agences régionales de santé (ARS). Nous avons aussi, depuis le 1er novembre 2016, pris en charge la biovigilance d’organes, de tissus, de cellules et de lait maternel. Ce chantier va bien nous occuper les années à venir.
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