Hier devant l'hôpital central, aujourd'hui devant le bâtiment principal de Brabois, le personnel du CHU de Nancy (Meurthe-et-Moselle) se mobilise pour protester contre un projet de restructuration au long cours qui met l'établissement dans tous ses états.
La direction prévoit de regrouper tous les sites existants (six au total) vers celui de Brabois, situé sur les hauteurs de la ville à Vandœuvre-lès-Nancy. Seul l'hôpital central, installé au cœur de la ville, serait préservé. « À terme, l'objectif est de regrouper tout le court séjour sur un seul et même site, notamment car une grosse partie de notre patrimoine est obsolète », précise au « Quotidien » Francis Bruneau, directeur général adjoint du CHRU.
Souci : l'hôpital réclame un investissement à l'agence régionale de santé (ARS) Grand Est pour parvenir à faire sa mue ; l'ARS réclame à l'hôpital un effort sur la masse salariale avant de débloquer tout financement ; et les syndicats de salariés sont vent debout et contre toute restructuration et contre toute suppression de postes.
L'histoire se répète
Dans le détail, les syndicats de personnels, fermement opposés à ce projet, se sont réunis en intersyndicale (CFDT, FO et CGT) cette semaine. Ils ont déposé un préavis de grève ce lundi (jusqu'à jeudi 13 septembre) et appellent les employés du CHU à se regrouper sur la pause de midi devant les différents sites du groupement hospitalier. En cause, la suppression de 400 postes que provoquerait la restructuration et réclamés par l'ARS. « Ce projet demande de l'argent que nous n'avons pas », s'inquiète Cyril Mahier, délégué FO de l'établissement, interrogé par « le Quotidien ».
Et pour cause, le CHU de Nancy est en situation financière difficile depuis une quinzaine d'années. Avec 400 millions d'euros de dette et 290 millions d'euros de déficit cumulé, il compte parmi les établissements les plus endettés de France. Entre 2014 et 2017, une première réorganisation immobilière de l'offre de soins avait engendré la suppression de 400 postes et la fermeture de 284 lits mais permis à l'établissement de réduire son déficit annuel de moitié. Aujourd'hui, les syndicats craignent de voir l'histoire se répéter. « S’il y a regroupement, il y aura nécessairement perte d'emplois », prévient Cyril Mahier.
Situation de blocage
Mais pour la direction, ce projet est indispensable car il s'inscrit dans un programme de refondation engagé en 2014. « Le problème aujourd'hui, c'est que l'ARS fait blocage », indique le Pr Christian Rabaud, président de la commission médicale d'établissement (CME). La tutelle réclame à l'hôpital de poursuivre ses efforts de performance avant de lui accorder les financements nécessaires à la restructuration immobilière. Elle insiste pour que 400 postes soient supprimés à nouveau. « Or, c'est impossible à périmètre constant et on peut comprendre l'inquiétude des syndicats », explique le Pr Rabaud. Avant de poursuivre : « La suppression de 400 postes ne pourra se faire qu'une fois les nouveaux locaux construits, ce n'est qu'à ce moment-là qu'elle pourra être acceptée par les syndicats, comme l'a été celle de 2014. »
Dans l'impasse, le conseil de surveillance a adressé un courrier à Agnès Buzyn à la fin du mois d'août pour lui demander une « décision rapide, claire et positive » sur le déblocage d'un financement à hauteur de 400 millions d'euros, qui annulerait la dette du CHU et lui permettrait de repartir sur de nouvelles bases. Sans réponse pour le moment, la direction attend de la ministre le lancement d'une mission par l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) qui pourrait lui donner raison face à l'ARS Grand Est.
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