Les associations le réclamaient depuis des années. En amont de la Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme, le 2 avril, le gouvernement, incarnée par la secrétaire d'État chargée des personnes handicapées Ségolène Neuville, lance pour la première fois une campagne de communication pour « dépasser les préjugés », du 30 mars au 12 avril 2016.
Le court film « Elliot », qui met en scène un enfant avec un trouble du spectre autistique (TSA), sera diffusé au cinéma, avant les productions grand spectacle pendant 15 jours, ainsi qu'à la télévision et sur Internet. Il s'accompagnera d'un « site expérientiel » à visée informative ; des blogueurs et « youtubers » ont été sollicités pour partager l'information sur la toile. Enfin, en septembre 2016, sera lancé un site Internet gouvernemental dédié à l'autisme, où seront notamment rappelées les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) et de l'Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ANESM). Coût total des opérations : 440 000 euros, sur les 205 millions du troisième plan autisme 2013-2017.
« C'est un petit miracle qu'il y ait (enfin) une campagne officielle ; nous sommes contents que les pouvoirs publics se mettent au diapason des familles », a salué Danièle Langloys, présidente d'Autisme France. « Le grand public est mal armé pour comprendre l'autisme. Les professionnels ont des préjugés forts ; on se heurte à des résistances, mais on ne lâchera pas », a déclaré Vincent Dennery, président de Agir et vivre l'autisme, et du collectif Autisme.
Cette campagne gouvernementale se veut complémentaire de celles promues par les associations, comme « Je suis autiste, et alors ? » de SOS autisme, a précisé Ségolène Neuville.
Une réflexion en cours sur la formation initiale
Ségolène Neuville a indiqué qu'elle dresserait le bilan du 3e plan en avril, à l'occasion du comité national autisme. Elle s'exprimera également devant les commissions des affaires sociales de l'Assemblée nationale et du Sénat, a-t-elle ajouté.
Sur le terrain, les associations déplorent toujours le manque de formation des professionnels et la difficulté d'avoir accès au diagnostic précoce. « Les CMP, CAMPS, et hôpitaux de jour ne font pas toujours les diagnostics, par manque de formation ou par réticence », explique au « Quotidien » Christine Meignien, présidente de Sésame Autisme. « Le délai pour avoir un bilan dans les centres ressources autismes (CRA) peut s'étaler entre 18 et 24 mois », poursuit-elle.
« On continue à envoyer aux familles un diagnostic freudien alors qu'il s'agit d'un trouble neurodéveloppemental et rien d'autre ! », déplore Danièle Langloys, en dénonçant l'immobilisme des formations initiales.
La secrétaire d'État a indiqué que désormais, toutes les formations agréées par l'organisme gestionnaire du développement professionnel continu (OGDPC) rentraient dans le clou des recommandations de la HAS et de l'ANESM. « Je travaille avec Thierry Mandon (secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche) et Najat Vallaud-Belkacem (ministre de l'Éducation nationale) pour que les universités qui dispensent un enseignement sur l'autisme (psychologie, médecine notamment), puissent changer leur contenu », a-t-elle précisé au sujet des formations initiales.
Annoncé l'an passé, l'audit des programmes pédagogiques délivrés au sein des instituts de formation en travail social a été réalisé. « Nous allons maintenant formaliser ce qui doit être le contenu des formations initiales des travailleurs sociaux », a indiqué Ségolène Neuville, reconnaissant que cela « prenait du temps » en raison de la décentralisation du système.
Inspection des services de psychiatrie en 2016 et 2017
« 30 000 professionnels ont été formés ou sensibilisés en 2014 » dans l'éducation et le médico-social, a avancé la ministre, jugeant la fourchette basse, car ne tenant pas compte des formations délivrées par les associations.
L'inspection des services psychiatriques et des hôpitaux de jour par les agences régionales de santé est en « phase opérationnelle » et devra avoir lieu en 2016 et 2017, a dit encore Ségolène Neuville.
Parmi les autres projets, le cahier des charges d'une plateforme de professionnels libéraux, assurant un accompagnement pluridisciplinaire aux personnes avec TSA, adossée aux structures médico-sociales, est terminé et sortira sous 15 jours, suivi d'une circulaire adressée aux ARS, a-t-elle précisé. « Il faut un financement de ces interventions en libéral que nous ne retrouvons pas ailleurs », a insisté Danièle Langloys. « Et que les moyens aillent vers les familles qui en ont le plus besoin », enchérit Vincent Dennery.
Enfin, Ségolène Neuville a confirmé que la Cour des comptes s'était auto-saisi d'une mission sur les dépenses liées à l'autisme.
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